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La vie en Linux :
RTFM
(read the f**** manual)

Par Michel Dumais

Montréal, le 7 novembre 1998

Hier soir, j'arrive à la maison et plusieurs boîtes m'attendent sur le pas de la porte. Linux Red Hat 5.2, ApplixWare pour Linux, et quelques autres petites surprises. Mon réflexe habituel eut été de les ouvrir et d'installer tout de suite le système d'exploitation. Pourtant, une petite voix me sussure doucement à l'oreille: « Coco, relaxe tes hormones, ouvres les boîtes et commence à lire sur le sujet. Potasse tes bouquins sur Linux, prends ton temps sinon tu vas te mettre le pied dans la bouche... comme d'habitude »". Eh bien, je vous refait un aveu, je me suis plutôt branché sur le Web et je suis allé consulter les différents sites Linux. Comme ça, pour le plaisir, tout simplement pour essayer de comprendre l'essence même de Linux. Et aussi le mouvement des logiciel à code source libre.

J'ai encore les mots de Jean-Claude Guedon qui résonnent à mes oreilles. Je revois encore cette correspondance entre lui, Christian Aubry, Michel Dagenais, et moi-même. Mais dans quelle galère me suis-je embarqué? Pas une autre guerre de religion? Parce que moi, les guerres de religion, MacOS ou Windows, Oncle Bill ou Saint-Steve, y en a marre. Après tout, un ordinateur, ce n'est qu'un outil. Un outil bien pratique, qui prend de plus en plus de place dans nos vies, mais, je le répète, ce n'est qu'un outil.

Pourtant... Tiens, une idée folle, je fouille dans ma bibliothèque et j'y retrouve mes vieux Mainmise, cette si populaire revue alternative des années 70. Et aussi le Whole Earth Catalog. Et j'y relis sensiblement les mêmes mots que Jean-Claude: appropriation de la technologie. Retour dans le futur? Jean-Basile doit se retourner dans sa tombe...

Je me revois en train de déballer mon premier ordi, un magnifique Apple II. Pas vraiment de logiciels, 16k de mémoire, et le disque dur... vous voulez rire? Pourtant, ça marchait, on s'amusait avec le BASIC en ROM de Toton Bill (et oui, déjà!), on programmait à qui mieux mieux, on s'échangeait nos meilleurs coups. Les logiciels commerciaux? Le tableur n'existait même pas, il était encore une idée qui germait dans le génial cerveau de Dan Bricklin. Microsoft n'était qu'une toute petite compagnie, et la souris, les menus déroulants et les interfaces graphiques, que des bonnes idées en développement dans cette pépinière à cerveaux qu'était le PARC de Xerox. Dans ce temps là, on parlait de communauté, de regroupement, les clubs d'utilisateurs foisonnaient.

Fichtre, vous vous rendez compte? Il est deux heures du matin et je continue de potasser ma bibliothèque. Tiens, Hackers de Steven Levy. Je commence à relire les meilleurs passages, les coups pendables de ces potaches cybernétiques. Eux, ils avaient compris. Ils n'avaient pas attendu que cette technologie leur soit donnée, tout cuit dans le bec.. Ils se l'étaient appropriée, tout simplement. Ouaip, je pense que je commence à comprendre, à retrouver ce plaisir qui, je dois vous l'avouer, m'avait un peu quitté. Mmmm? Quatre heure du matin? Permettez, mon lit m'appelle, je viens d'entendre le cri du dodo...

 

Samedi 7 novembre 1998

A peine levé, je m'empare de mon manuel d'installation du Linux de Red Hat. Vous me direz qu'il y a des façons plus agréables de se lever, et vous aurez tout à fait raison. Mais, malgré le fait que Red Hat nous promet une installation sans problème (tout à fait vrai, d'ailleurs), je me rends compte qu'il est essentiel que je bouquine encore sur le sujet avant de procéder à la grande opération, le formatage complet des mes deux disques durs. Toute la journée, en lisant mes manuels, je me suis posé cette question: dois-je ou non formater mes disques durs? Ou bien faire une sauvegarde de tous mes fichiers et de mon installation Windows 98 sur un disque dur, et carrément débrancher celui-ci pour ne garder qu'un seul disque dur? La réponse, demain. Car aujourd'hui encore, j'hésite à poser un geste aussi drastique...

Samedi soir. Je repense au défi que je me suis lancé. Vais-je faire un fou de moi? (oui, sûrement ;-)) Vais-je pouvoir vraiment tenir le coup durant deux mois? Et surtout, vais-je pouvoir passer par-dessus cet orgueuil mal placé (si, si!, je l'avoue) qui m'empêchera, une fois de temps en temps, de demander de l'aide de la communauté Linuxienne? Car encore une fois, les mots de l'ami Jean-Claude me hantent: communauté, collaboration, coopération...

Certains d'entre vous se demandent sûrement pourquoi je ne parle pas plus de technique, d'installation, de kernel (noyau), de mégaoctets et de problèmes de configuration. Après tout, ceux qui me connaissent savent que je suis complètement gaga de technologie. Que j'installe une barette mémoire plus vite que mon ombre. N'ayez crainte, cela viendra bien assez vite...

Cette nuit, ce sont d'autres petites choses qui tournent à cent à l'heure dans ma petite tête. Le procès Microsoft et l'attitude des autres dirigeants d'entreprises à ce même procès. Sous des dehors presque mielleux, ils sont pourtant du même genre requin que Toton Bill. Le grand patron de Sun, Scott McNealy, celui de Netscape, Jim Barksdale, des prosélytes? Non mais, ça va pas la tête? Dans quelques mois, faudra-t-il leur ériger un monument? Les féliciter, leur donner une médaille?

Java n'est pas un logiciel à code source ouvert. Bien au contraire, Scott McNealy tient beaucoup à ses royautés et ce n'est pas demain la veille que nous le verrons verser Java dans le domaine public. Si Steve Jobs, John Sculley et les autres dirigeants d'Apple n'avaient pas commis autant d'erreurs stratégiques, peut-être serions-nous en train d'assister au procès d'Apple, même, qui sait... Car, entre vous et moi, le MacOS est beaucoup plus élégant que cette grosse bête de somme qu'est Windows.

Amis lecteurs, ne nous leurrons pas et soyons même clair, très clair. Pour ma part, vous ne me verrez pas, dans ce projet un peu fou, en train de décrire Bill Gates comme le grand Satan, comme il s'écrit un peu partout.Très peu pour moi, le « Microsoft bashing ». Contrairement à ce qu'on peut croire, la domination de Microsoft n'est pas omniprésente dans toutes les sphères de l'informatique. Certains domaines sont loin d'être l'apanage du géant de Redmond. Base de données SQL? Oracle, et de loin. Et il existe encore bien d'autres exemples où Microsoft ne domine pas outrageusement ses compétiteurs.

Pourtant, je crois qu'il est temps que Microsoft soit scindé en deux entités: la première, systèmes d'exploitation et outils de développement; la deuxieme, suites bureautiques et autres applications. Car c'est l'osmose entre ces deux divisions qui procure à Microsoft un avantage déloyal sur ses concurrents et qui empêche la véritable innovation. Comment voulez-vous développer une application lorsque votre principal adversaire connaît des mois à l'avance les points forts du système d'exploitation à venir...

Pendant que l'industrie du logiciel fermé et propriétaire vit au rythme du procès Microsoft, tel la tortue de la fable se développe un systeme d'exploitation, véloce sur des ordinateurs de puissance modeste, puissant – aussi puissant même que le « kolossal bloatware » que sera Windows 2000 (ex Windows NT 5.0) – supporté non pas par un service téléphonique aux tarifs prohibitifs, mais bien par ses centaines de milliers d'utilisateurs: Linux.

La divulgation des documents Halloween 1 et 2 nous a beaucoup renseignés sur le prochain ennemi à abattre pour la firme de Bill Gates. Linux est dans le collimateur. Mais que les utilisateurs Linux se rassurent, ils n'ont rien à craindre de Microsoft. Qu'ils ne s'occupent même pas des velléités de Toton Bill. C'est plutôt Microsoft et TOUTE l'industrie du logiciel fermé et propriétaire qui a tout à craindre de Linux, et surtout des logiciels à code source libre. Le mouvement est en route et, à mon humble avis, il est irréversible.

Mmm, trois heures du matin... Que diriez-vous si j'allais me coucher? Car, après tout, c'est demain le grand jour...

Michel Dumais
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