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De la consommation à l'appropriation :
Vivre avec Linux

Par Jean-Claude Guédon

Professeur de littérature comparée
à l'Université de Montréal

Membre de l'AFUL et de Linux-Québec

Montréal, le 8 novembre 1998

Michel Dumais ne le sait peut-être pas encore, mais il va entrer en communauté. Qu'il ne s'inquiète pas, il ne s'agit ni de se faire tonsurer, ni de faire voeu de chasteté. Il s'agit simplement d'établir avec son ordinateur et, à travers lui, une autre relation avec ses concitoyens, ses amis, ses voisins. Il s'agit d'abandonner certaines formes d'infantilisation que la société de consommation engendre, d'abandonner aussi une attitude où l'individualisme commence à ressembler à l'isolement, l'aliénation, la passivité, la capacité d'acheter – et simplement d'acheter – des services.

Décider d'utiliser Linux ne peut pas et ne doit pas se comparer au passage, par exemple, d'un Mac à une machine Wintel. Dans ce dernier cas de figure, la situation économique, sociale, philosophique, etc. d'un ou de l'autre système est la même. Steve Jobs, en lançant le Macintosh en 1984, avait proposé de faire de l'ordinateur ce que les anglophones appellent « an appliance », un appareil ménager. Ce faisant, il voulait atteindre deux objectifs que le monde de Microsoft a lentement appris à imiter avec Windows: rendre l'utilisation aussi facile que possible; faire de l'ordinateur une boîte aussi noire que possible.

Le but était clair: nous attirer par notre paresse naturelle et, ensuite, nous tenir accrochés au système par une stratégie diabolique, fondée sur des mises-à-jour aussi fréquentes que possible dans le but de nous forcer à consommer encore et plus au nom de progrès pour le moins discutables, en tout cas pas toujours très utiles. Ainsi, en 1985, sur un Mac 512, le « Fat Mac » comme on l'appelait à l'époque à cause d'une mémoire vive qui paraissait gigantesque, on pouvait, sur une simple disquette de 400 Kb, stocker le système, MS Word 1.0 et il restait encore un peu de place pour un ou deux textes d'une vingtaine de pages chacun.

Pour un universitaire comme moi, ce traitement de texte de 1985 remplissait déjà à peu près tous mes besoins. Je pouvais paginer automatiquement et gérer mes notes en bas de page automatiquement; je pouvais faire une mise-en-page limitée, mais suffisante. Je pouvais donc présenter mes travaux de belle manière et le faire avec une facilité et une souplesse que je n'avais jamais rencontrées avec la plume ou la machine à écrire. Rédiger devenait un plaisir et nous vivions tous l'impression très nette d'avoir fait un saut qualitatif. Et pour cause, nous venions de réussir notre première appropriation de l'informatique. En dépit de son côté élémentaire, nous sentions tout de suite l'importance de ce méta-outil qu'est l'ordinateur.

L'ère de l'obésiciel

Douze ou treize ans plus tard, avec des ordinateurs deux cents ou trois cents fois plus performants que le vieux « Fat Mac », nous avons vécu deux ou trois remplacements de matériel et les logiciels se sont transformés d'une manière présentée comme majeure environ sept à dix fois. Ces derniers ont surtout grossi au point où un traitement de texte maintenant exige des méga-octets de code pour exister. Nous sommes entrés dans l'ère de l'obésiciel, traduction que Bernard Lang, en France, propose pour le « bloatware » de nos amis anglophones. De version en version, nous étions conduits à acheter du matériel nouveau, car l'ancien équipment s'effondrait sous le poids des nouveaux logiciels; nous étions conduits à acheter ces versions nouvelles parce que, au bout de quelques années, personne ne savait déchiffrer sur son nouvel appareil et avec les nouveaux logiciels des fichiers datant d'il y a cinq, six ou sept ans.

Pourtant, en douze ans, mes besoins n'ont pas tellement évolué. Je préfère écrire de bons textes que de faire de la mise en page. À part, peut-être, le dictionnaire en ligne qui permet de rattraper certaines coquilles ou étourderies, je suis obligé de conclure que pratiquement toutes les innovations du traitement de texte entre 1985 et maintenant relèvent de la frivolité ou de l'inutile. J'en déduis donc que j'ai été mené en bateau pour le plus grand bonheur des Microsoft et des Intel de ce monde. Et ce que je dis des traitements de texte pourrait assez bien s'étendre aux autres éléments de ce que l'on appelle maintenant une suite bureautique: le tableur, la base de données, etc.

Michel Dumais va entrer dans le monde Linux. Cela demande un certain sens de l'exploration, une certaine envie de sortir de sentiers battus, et déjà, en soi, ce désir est sain. Nos sociétés nous habituent à suivre, à obéir, à nous comporter comme des moutons. Le dernier slogan d'un parti politique, c'est de nous inciter à avoir confiance et en voyant ces affiches, je repense au film de Walt Disney, Le livre de la jungle, au moment où le serpent cherche à hypnotiser Mowgli pour le croquer en toute tranquillité: « Aie confiance... » répétait avec insistance le reptile... Or, l'appropriation des technologies, tout comme la politique n'est pas lieu de confiance; elle est lieu de débat, de combats aussi où des visions du monde, des philosophies de la vie s'affrontent.

Peu s'en souviennent, mais la radio a commencé sur le mode de la communication et les gens se parlaient au moyen de ce nouvel instrument. Mais, le manque de fréquences aidant, grandes compagnies et gouvernements se sont entendus pour verrouiller ce domaine, le ramener à l'ordre, empêcher l'« anarchie », mot que l'on invoque toujours quand les citoyens réclament le droit à l'autonomie, la liberté et le droit de contester ceux qui, temporairement, ont pris le pouvoir. La radio, d'instrument de communication, a été largement réduite à instrument de diffusion pour le plus grand bonheur des Goebbels et des compagnies de détersif qui voulaient nous asséner leurs slogans.

Seule la tradition des CB (Citizens' band) est restée vivante dans certains pays. Il est intéressant que l'on ait conservé le nom de citoyen pour décrire cette pratique de la communication car, effectivement c'est le seul lieu où la radio conserve une dimension citoyenne; dans toutes ses autres manifestations, elle est devenue le jouet des pouvoirs politiques ou commerciaux.

Un débat analogue se poursuit autour d'Internet et bien des gouvernement cherchent actuellement à museler un système de communication qui donne un peu trop de pouvoir et d'initiative à tout un chacun. Tout le débat autour de la gestion des noms de domaine tourne autour de cette question et la mort récente de Jon Postel constitue un véritable drame à cet égard.

Le monde Linux

Entrer dans le monde Linux et celui des logiciels à code source libre, c'est vouloir participer à un mouvement qui tente de redéfinir l'informatique dans un sens plus favorable aux véritables besoins de chacun d'entre nous plutôt que de suivre passivement les voies créées par les Microsoft du monde pour optimiser leur quête de profit. Cette décision paraît d'ailleurs urgente à la lumière d'événements récents, tel le procès que le Ministère de la Justice du Gouvernemnt des États-Unis a intenté à Microsoft. Michel Dumais, en tentant de vivre avec Linux, ne change pas de produit; il explore plutôt la possibilité de changer de parti technologique.

Que veut dire vivre dans le monde Linux? Essentiellement, c'est quitter le vacarme du monde publicitaire pour entrer dans celui, parfois bruyant, lui aussi, des communautés d'utilisateurs. Seulement, le vacarme de la publicité vise à nous assommer, nous intoxiquer, à nous atteindre au-delà de nos dernières défenses en jouant sur nos pulsions de violence, nos craintes de la mort, nos désirs sexuels, tout cela de façon à nous manipuler et nous conduire à dépenser, dépenser et dépenser encore.

« Je consomme, donc je suis », nous répète à l'envie ce vacarme et, ce faisant, il nous impose un mode de vie aussi vide de sens que délétère puisque, au-delà de toutes les solidarités, les compassions, les amours et les sentiments, il nous propose le catalogue de toutes les vanités, de toutes les inanités que le non-sens de la consommation engendre immanquablement. N'oublions pas que dans consommation, il y a sommation, sommation à dépenser nos faibles ressources pour l'intérêt de quelques uns.

Par contraste, le bruit des communautés d'utilisateurs ressemble plus à ces discussions animées auxquelles on a parfois le privilège de participer à la fin d'un bon repas ou d'une bonne réunion. Des esprits se rencontrent, s'affrontent parfois, pour arriver à de meilleures solutions ou, au moins, de meilleures énonciations des problèmes. D'un côté donc, le choc d'individus atomisées soumis au mouvement aléatoire, brownien, d'une société où la consommation semble tenir lieu de communication, d'en incarner peut-être la forme la plus élevée; de l'autre des groupes où on se parle, on s'écoute, on se mesure, on se teste, on apprend, on enseigne. D'un côté, on est tiré, bousculé à hue et à dia sans pouvoir savoir ce que tout cela veut dire au-delà d'une sorte d'impératif vague de dynamisme économique; de l'autre, on découvre le sentiment que, ensemble, sans pour autant se dissoudre dans quelque mythe collectif aussi délétère que l'individualisme forcené du consommateur, on peut réellement apprendre à maîtriser de nouveaux outils au point d'en diriger l'usage dans des directions réellement utiles pour ceux et celles qui veulent s'en prévaloir.

L'installation

Mais comment michel Dumais va-t-il vivre tout cela? D'abord, il va lui falloir installer Linux sur son ordinateur. En effet, les compagnies de matériel, d'IBM à Compaq, vendent leurs machines avec Windows pré-installé parce qu'elles sont liées par des contrats avec Microsoft. ces contrats disent à peu près: si vous voulez avoir Windows à bas prix pour bonifier vos machines, il faut pré-installer Windows de façon à ce que l'acheteur ne puisse même avoir l'idée qu'un choix est possible. Du côté Macintosh, la même règle fonctionne.

Et déjà Michel Dumais va rencontrer des objections. On lui dira: Linux est difficile à installer. Pourtant, s'est-on jamais inquiété de savoir si Windows était facile à installer? Si les systèmes partaient à égalité, soit pré-installés, soit à installer, on éviterait évidemment ces fausses objections. Si, d'ailleurs, les gouvernements faisaient leur travail correctement, ils se demanderaient si ces ventes liées d'ordinateurs et de systèmes d'exploitation sont réellement légales. De bonnes présomptions laissent penser que, justement, non, elles ne le sont pas. Question dès lors: pourquoi ferme-t-on les yeux? Incurie, incompétence? Surcharge de travail? Autre cause? Ce sont peut-être des questions à soulever en cette période électorale.

Installer Linux signifie se procurer Linux. En pratique, cela signifie, le plus souvent, se procurer un CD-ROM et l'utiliser comme source. Les logiciels à code source libre peuvent souvent être vendus dans ce que l'on appelle des distributions (Red Hat, Debian, S.U.S.E., Slackware, Caldera, etc.), mais, caractéristique intéressante, l'acheteur a le droit légal de les copier librement et de les donner à ses amis. Par conséquent, la meilleure façon d'utiliser Linux, c'est de se tourner vers les Linuxiens et demander qui peut fournir une copie du fameux CD-ROM. Sinon, plusieurs bons magasins de logiciels peuvent vous vendre une distribution.

Autrement, si vous avez une connexion Internet rapide, on peut télécharger tout ce dont on a besoin d'un site adéquat. Enfin, si le club Linux local organise une fête d'installation, un « InstallFest » ainsi qu'on appelle souvent ces manifestations, il suffit d'apporter son appareil au bon endroit et quelqu'un vous installera tout cela pour vous dans cette ambiance de bonne humeur, de kermesse et d'amitié qui engendre les plus beaux sourires sur les visages. Tout à coup, on se souvient que la technique, bien appropriée, constitue le coeur de l'humanité et que, bien maîtrisée, elle n'a rien d'aliénant ou de menaçant, bien au contraire. Elle devient source de rencontre, de croisement, d'échange. Elle se révèle sur-ensemble de l'écriture et de la parole.

Michel Dumais dispose d'une certaine compétence informatique, probablement supérieure à la plupart des utilisateurs moyens d'ordinateurs, et cela aidera sans doute à son passage dans le nouveau monde, mais sa première surprise sera peut-être le manque de dépaysement en face de son écran. Le monde Linux s'amuse en effet à imiter le monde commercial et des interfaces graphiques disponibles dans Linux ressemblent étrangement aux interfaces graphiques commerciales. Certaines, d'ailleurs, ne dissimulent pas la chose, comme AfterStep qui s'amuse à reproduire l'interface propre aux ordinateurs NeXT que Steve Jobs avait tenté de lancer après s'être fait sortir de chez Apple. Il nous dira donc quelle interface il a choisi, mais s'il utilise KDE, il sera dans un monde qui ressemble étrangement à Windows, à ce détail près que un seul clic suffit là ou Windows (ainsi que le Mac) en veut deux.

Pourtant, tout de suite, il va aussi remarquer quelque chose de neuf: en bas de l'écran il pourra choisir entre quatre écrans et il pourra lancer dans chacun d'entre eux une opération, un processus, ou un logiciel différent. Linux, bon clone des systèmes Unix, est un vrai système multi-tâches et multi-utilisateurs. Incidemment, avec Linux, si Papa achète un nouvel ordinateur et ne sait trop que faire du vieux, il peut brancher ce dernier sur le premier, et, du même coup, sa fille ou son fiston, en se servant du vieil appareil comme d'un terminal (un terminal X, dit-on dans le jargon), peut utiliser les mêmes logiciels que Papa et travailler à côté de lui sans le déranger.

La même logique peut s'appliquer au cas des écoles; elle économiserait des millions de dollars à notre ministère de l'éducation s'il voulait se donner la peine d'étudier la question... Là encore, bien des questions à soulever en cette période électorale.

Les bons outils

Michel Dumais a maintenant fini l'installation de Linux, aidé par des amis plus aguerris que lui. Il a établi, bien sûr, une liaison Internet car Linux sans liaison Internet, c'est presque impensable: toutes les nouvelles arrivent par là, tous les groupes d'utilisateurs se trouvent là, tous les logiciels s'obtiennent de cette façon-là.

Un des premiers logiciels qu'il a installés est donc un fureteur tournant sur Linux. Cela signifie, évidemment, que Internet Explorer n'est pas disponible car Microsoft a beaucoup trop peur de Linux pour aider ce système d'exploitation en portant ses logiciels dessus. Porter Word sur le Mac permet de prétendre que l'on ne recherche pas le monopole sans grand risque car le Mac est devenu marginal; Linux, en revanche, constitue une vraie menace et Microsoft cherche par tous les moyens à arrêter ce mouvement, car il s'agit bien d'un mouvement.

La divulgation récente des documents appelés « Halloween-1 » et « Halloween-2 » par Eric Raymond nous a beaucoup éclairés sur les anxiétés, d'ailleurs compréhensibles, de Microsoft: comment lutter contre l'intelligence distribuée d'une fraction importante des informaticiens de l'humanité?

Mais il ne faut pas pleurer Internet Explorer car Netscape est disponible et, dès la version 5, Netscape, ou plutôt Mozilla, sera un logiciel à code source libre, lui aussi.

Michel Dumais écrit des articles. Il lui faut les outils nécessaires. Là encore, la situation n'est pas aussi difficile que certains le prétendent. Même en restant dans la tradition des suites bureautiques, Michel va avoir de bonnes surprises: la compagnie allemande Star Division vient justement d'offrir toute sa suite bureautique Star Office à tout utilisateur de Linux qui veut l'employer à titre privé. On peut la télécharger de l'un des sites prévus pour cela.

De son côté, la compagnie canadienne Corel va offrir, ce mois-ci, WordPerfect 8.0 aux utilisateurs de Linux ainsi que son PDG l'a annoncé, il y a quelques semaines, à Atlanta. Par ailleurs, la compagnie ApplixWare offre une suite bureautique de bonne qualité à un prix très abordable. Bref, écrire, calculer, faire de petits dessins et monter une base de données ne devraient pas poser de problème pour notre ami Michel.

Et comme ces compagnies ne sont pas folles, elles savent que les utilisateurs doivent pouvoir échanger avec des collègues utilisant les produits Microsoft. interpréter des fichier MS-Word ou produire des fichiers que MS-Word, Excel, etc., peuvent avaler peut en principe se faire sans trop de difficultés. Michel Dumais nous expliquera probablement comment cela fonctionne et s'il rencontre des problèmes.

S'il en rencontre, on peut aisément imaginer que les communautés de programmeurs en code source libre vont travailler à mettre au point des solutions. Depuis le début du mouvement du logiciel à code source libre, cette capacité de répondre vite et bien à toute difficulté identifiée ne cesse de stupéfier le monde commercial et les mentalités consommatrices.

La force d'un groupe solidaire

Mais, au-delà des logiciels et des tâches à accomplir, Michel Dumais va rapidement découvrir quelque chose de plus important encore. Comme toujours, en informatique, il va buter sur un problème ou une difficulté qu'il ne saura pas résoudre. Il sera peut-être inquiet, au début, mais dès qu'il commencera à poser des questions dans les forums appropriés, auprès des amis linuxiens, il va soudainement découvrir la force extraordinaire des groupes solidaires. Il va comprendre, tout à coup, que maîtriser une technologie aussi complexe que l'informatique ne peut que reposer sur une immense collaboration.

Mais il va rencontrer quelque chose de plus: il va découvrir que son ordinateur n'est plus un appareil ménager transformé en boîte noire; au contraire, au fil des questions et des interrogations, certains amis vont l'inviter à explorer un peu plus, « sous le capot » en quelque sorte. Et là il va commencer à comprendre qu'il peut aller de plus en plus profondément dans le système. Comme beaucoup d'entre nous, il ne disposera peut-être pas de l'énergie nécessaire et/ou du temps pour aller très loin dans cette direction, mais il saura que son ordinateur est désormais accessible, qu'il lui suffirait de consacrer quelques semaines à maîtriser ceci ou cela pour arriver à des niveaux de compréhension et à des fonctionnalités que nul système fermé ne pourra jamais offrir.

Il se dira peut-être, avec quelque mélancolie, que si les écoles avaient offert de telles machines quand il était encore étudiant, alors qu'il avait encore un peu de temps et tout l'enthousiasme de la jeunesse, il aurait profité de ces circonstances pour réellement creuser la question de l'informatique. Au lieu de soulever le capot d'une voiture et trafiquer son carburateur, il aurait peut-être tâté de la programmation et tenté de monter des manipulations qui lui auraint été utiles à l'époque. Et il sait qu'il se serait fait beaucoup d'amis en tentant ces utilisations plus poussées de son ordinateur. Mais il sait malgré tout que cette machine, en droit, n'est pas facteur d'aliénation dans la mesure où elle ne se laisse plus enfermer dans les limites étroites et absurdes qu'ont voulu tracer pour nous MM. Jobs et Gates.

Au Québec, les traditions de coopération sont fortes. La culture des groupes de loisir, de clubs, de cercles est également développée. Marie-Victorin a ainsi contribué à créer un sentiment populaire plus favorable à la science en multipliant les Cercles des jeunes naturalistes. Il est peut-être temps de lancer un mouvement de ce genre à travers les écoles, dans les villes et les villages. Les Cercle des jeunes informaticiens attendent peut-être leur coup d'envoi, rôle que l'expérience de Michel Dumais peut jouer.

Avec Linux, l'informatique devient instrument puissant de communication à toutes sortes de niveau. Avec Linux et les logiciels à code source libre, on peut trouver ou retrouver une relation aux sciences et techniques saine, ainsi qu'une maîtrise de la connaissance telle que l'humanité retrouve toute sa place. La consommation laisse la place à l'appropriation. Le citoyen, être actif, autonome, raisonneur, débrouillard, prêt à partager, échanger, mais aussi à concourir, se tester, se mesurer, reprend le dessus sur le consommateur passif et manipulé que nous propose une certaine vision de la vie sociale que, pour ma part, je trouve bien triste.

Bravo, Michel de tenter l'expérience. Compte sur nous tous et toutes pour t'aider; un jour, ce sera ton tour... tu en aideras certains.

Et nous ferons ainsi un grand pas vers cette société de l'intelligence distribuée sans laquelle il demeure impossible de parler de manière sensée d'économie du savoir.

©1998 Jean-Claude Guédon
Tous droits de reproduction, traduction
et adaptation réservés par l'auteur.

 

Bien entendu, ce texte a été rédigé dans un environnement Linux, avec une interface KDE.
Je remercie mon fils, Alexandre, qui m'a installé mon clavier de telle façon que je puisse retrouver tous mes accents, y compris ceux de la langue française.
Je remercie Michel Dagenais, qui anime si bien le club Linux-Québec à l'École Polytechnique de Montréal.
Je remercie Jacques Gélinas qui, avec son esprit si vif, son enthousiasme communicatif, et toute sa créativité extraordinaire, nous a donné Linux.conf, une grande contribution québécoise à l'installation du système Linux.
Et je remercie l'équipe de Multimédium, Christian Aubry en tête, qui a su écouter la rumeur croissante du monde Linux et en a saisi la portée avant de s'en faire l'écho.






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