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L'économie du logiciel libre
Un point de vue d'utilisateur

Par Jean-Paul Smets-Solanes

La genèse des logiciels libres

Quelle logique peut pousser un individu ou une entreprise à développer un logiciel de qualité puis à le promouvoir sans rien réclamer en retour ?

De nombreux créateurs de logiciel travaillent d'abord pour l'honneur, pour la gloire ou pour leur propre satisfaction. La renommée acquise au sein de la communauté informatique par Linus Torvalds pour son système d'exploitation Linux n'a probablement d'égale que celle de Bill Gates.

Exploitant ce filon, la société Nintendo organise chaque année au Japon un concours du meilleur créateur de jeux vidéo ; le gagnant voit son jeu distribué sur cartouche mais ne reçoit rien en retour si ce n'est la gloire d'une diffusion massive de sa création. Cet exemple montre que l'honneur ou la gloire restent des valeurs suffisamment fortes pour qu'un individu – voire une société – recherche un succès rapide, massif et mondial, sans en tirer directement de bénéfice financier.

La gloire se transforme aussi parfois en bénéfices lorsqu'elle devient un argument publicitaire. Un étudiant ayant créé un logiciel remarquable pourra plus facilement créer son entreprise. C'est ainsi qu'est né Netscape. C'est aussi ainsi que Netscape répond à la concurrence de Microsoft en offrant son code source à des millions d'Internautes et à des milliers de développeurs. L'éditeur espère faire de son site l'un des passages obligés de l'Internet et continuer à financer l'effort de développement de ses logiciels grâce aux recettes publicitaires qu'il génère. La société suédoise TCX, éditeur d'un serveur de base de données très performant, offre le code source de son logiciel et vit par ailleurs de services de conseil autour d'applications des bases de données.

Lorsqu'un organisme ne peut trouver sur le marché un logiciel correspondant à ses besoins, il est forcé de le développer. Dans les années 80, par exemple, des universités américaines ont dû développer elles-mêmes des logiciels pour accéder à Internet à une époque où les entreprises étaient peu enclines à adopter et acquérir ce type de technologie.

John Norstad, ingénieur système à la NorthWestern University, a ainsi écrit le logiciel de groupes de discussion NewsWatcher pour Macintosh. En optant pour une diffusion libre du code source auprès d'une large communauté d'utilisateurs-testeurs, ce logiciel a pu être débogué et amélioré plus efficacement que s'il avait été gardé secret, confié à un service de valorisation ou diffusé commercialement.

Un organisme de normalisation souhaitant promouvoir rapidement une norme technique peut avoir intérêt à la diffuser sous forme de logiciel libre. Le succès des normes de messagerie de l'Internet face aux normes équivalentes proposées par l'ISO (International Organization for Standardization) démontre la nécessité de fournir, en même temps qu'une norme technique, du logiciel libre pour l'exploiter. Aussi, le W3C (World Wide Web Consortium) propose-t-il aujourd'hui autour de chacune des normes qu'il souhaite promouvoir un jeu de logiciels libres capables de les exploiter.

Un consortium ayant développé un logiciel peut, lorsque le nombre de membres augmente et que le droit d'entrée ne sert quasiment plus qu'à couvrir des frais de gestion, se transformer en fondation développant un logiciel libre.

Certains chercheurs développent des logiciels libres à partir de leurs travaux de recherche afin de faire valider une technologie innovante par une large communauté d'utilisateurs et de permettre à d'autres chercheurs d'étendre ou d'appliquer leurs travaux dans d'autres domaines.

Il ne faut pas oublier enfin que dans beaucoup d'Etats les informations, données et autres biens publics doivent être librement accessibles sans péage et sans droits. Aussi, tous les textes légaux et les formulaires administratifs sont en France libres de droits. Il semblerait naturel que, par extension, les logiciels permettant de lire la loi, de remplir les formulaires d'impôts ou les demandes de subventions soient eux aussi libres de droits et dépourvus de péage.

Ce n'est pourtant pas encore le cas aujourd'hui. Un chercheur qui demande des subventions à l'Union Européenne est contraint d'utiliser la suite bureautique Microsoft Office à l'exclusion de toute autre pour communiquer avec les services administratifs traitant son dossier. Il faut en conclure que le logiciel libre et les formats publics d'échange ne sont pas encore assez développés dans le domaine de la bureautique.

Le cycle économique des logiciels libres

©1998 Jean-Paul Smets-Solanes
Tous droits de reproduction, traduction
et adaptation réservés par l'auteur.






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