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Des ondes
courtes à l’Internet haut débit pour tous…
Plus d’un
siècle de télécommunications internationales en Nouvelle-Calédonie
(Texte
mis à jour le 4 janvier 2012)
La Nouvelle-Calédonie possède les « pleins pouvoirs »
dans le secteur des Télécommunication depuis l’an 2000 suite aux Accords de Nouméa qui prévoyaient ces larges
transferts de compétence par l’Etat Français. Dans un premier temps, l’Office
des Postes et Télécommunications qui acheminait les communications
territoriales a été rattaché au Gouvernement de Nouvelle-Calédonie. Puis, concernant les
télécommunications internationales, les autorités calédoniennes, au terme de
plusieurs années de discussions difficiles ont décidé de cesser le
partenariat avec France Telecom et de se tourner vers des opérateurs
étrangers. Il est donc
intéressant, à l’heure où, fin 2008, FCR Nouméa va
cesser son activité, de retracer le chemin parcouru durant plus d’un siècle,
pour que ce lointain Territoire situé au coeur du Pacifique puisse mieux
communiquer avec le reste du monde. France Câbles et Radio, filiale de France
Télécom assurait depuis plus de 20 ans l’acheminement des
télécommunications internationales en Nouvelle-Calédonie. Cette mission lui
avait été confiée en 1986 par la DGT du Ministère des PTT, devenue ensuite
France Telecom (cf convention Etat-FCR
et convention DTRE-FCR).
Mais l’histoire des
télécommunications en Nouvelle-Calédonie est beaucoup plus ancienne. Une
histoire passionnante aux allures, parfois, de véritable épopée. Au
tout début, le télégraphe… Samuel MORSE a
inventé le télégraphe électrique en 1832 avec son fameux
alphabet qui permettait de transformer chaque lettre en un signal électrique
différent. Cette invention a entraîné le développement progressif du
télégraphe dans le monde (Etats-Unis, Canada, Grande-Bretagne,…). Quant au réseau
télégraphique français métropolitain, il a été ouvert au public le 1er
mars 1851 et était constitué selon la technique utilisée alors, de
poteaux en bois supportant des fils télégraphiques. Il fallait également
relier entre eux les réseaux nationaux des différents continents et le
premier câble sous-marin télégraphique a été posé en 1850
entre la France et l’Angleterre. Ce fut le début de la
construction d’un réseau télégraphique mondial auquel la Nouvelle-Calédonie
allait être raccordée… plus de 30 ans après ! Un
câble sous-marin télégraphique entre la Nouvelle-Calédonie et l’Australie… En 1893, le navire câblier François ARAGO, sous l’autorité de
Maurice ROUSSEL, Ingénieur des Télégraphes, a réalisé la pose du câble
sous-marin télégraphique entre Ouaco (site de Téoudié) près de Kaala-Gomen,
en Nouvelle-Calédonie
et Bundaberg, dans le Queensland en Australie, pays qui était relié
à l’Amérique du Nord par le Canada. Ce câble surtout
opérationnel durant les premières années, est toutefois resté en service jusqu’en
1923. A cette époque l’avènement de la technologie radio a relancé
le développement des communications intercontinentales. Ensuite, place à la radiotélégraphie…
C’est le Lieutenant
de Vaisseau PRIGENT qui réalisa en 1925 depuis la Pointe de l’Artillerie
à Nouméa les premières communications intercontinentales par
radiotélégraphie. Les premiers essais étaient limités à l’écoute des messages
émis depuis Paris (Fort d’Issy-les-Moulineaux) et Djibouti. Ces
communications, d’abord à usage militaire, utilisaient la technologie
radiotélégraphique par ondes courtes (émission et réception de télégrammes
avec l’alphabet MORSE). La station de Nouméa,
prise en charge par l’Administration des PTT le 23 juillet 1930,
est surtout utilisée pour des essais et des échanges de notes, puis, à
partir de 1932, essentiellement en réception. Le centre assurait
depuis Nouméa (Pointe de l’Artillerie) l’émission et la réception des
messages avec Paris, Papeete et Saïgon. L’émission et la réception étaient
pratiquées au même endroit mais… à des heures différentes ! La Seconde Guerre
mondiale éclate en 1939 et durant cette
période, la station de Nouméa passe sous contrôle militaire. C’est ainsi qu’à
partir de 1942, grâce à des matériels cédés par l’armée
américaine, l’équipement de la station a pu être amélioré et complété. De
nouvelles liaisons radiotélégraphiques sont alors réalisées : après Paris,
Papeete et Saïgon, les relations sont établies avec Sydney et Suva (1940),
Beyrouth (1941), San Francisco et Wellington (1942), Dakar (1944). De
nouvelles liaisons sont également assurées localement et dans la région avec
les Iles Loyauté, l’Ile des Pins ainsi que le Vanuatu et Wallis et Futuna. En 1948
est créée la station de Nouméa du Réseau Général Radioélectrique,
dépendant du Ministère des PTT. Cette station était appelée Radio-Etat pour
la distinguer de l’Office des Postes et Télégraphes, chargé des
communications locales du Territoire. Le Réseau Général Radioélectrique (RGR)
était alors toujours installé dans l’enceinte du camp militaire de la Pointe
de l’Artillerie. L’avènement
de la radiotéléphonie… En
1954, les installations de la Pointe de
l’Artillerie sont transférées à Ouémo N’Géa (Centre
Emetteur) et l’Ile Nou (Centre
Récepteur). La technique de la radiotélégraphie est améliorée, puis
en 1959, c’est l’avènement de la radiotéléphonie
(transmission intercontinentale de la téléphonie par la technologie radio). C’est toujours la
radio à ondes courtes qui est utilisée. Dans le jargon des techniciens, ces
ondes étaient qualifiées de « décamétriques » car la longueur d’onde utilisée
était de quelques dizaines de mètres. Cette technique nécessitait des antennes filaires très longues qui étaient soutenues
par de nombreux pylônes métalliques installés sur des terrains de plusieurs
hectares. Le réseau téléphonique local, rattaché à l’OPT, s’est étoffé petit
à petit ainsi que celui du télégraphe, complété et modernisé progressivement
par le télex … Une
nouvelle ère avec la transmission par satellite…
En 1976
est inaugurée la station de télécommunications
par satellites de l’Ile Nou qui représente une avancée technologique
majeure et permet de faire face aux besoins croissants de communications
internationales de la Nouvelle-Calédonie. La construction de l’antenne (qui a
coûté environ 500 millions de FCFP de l’époque) ainsi que des bâtiments et
des installations, a duré 18 mois. Lors de la mise en service, le personnel
chargé de l’exploitation de la station était composé d’un responsable et de
quatre techniciens métropolitains. Tous les autres postes, représentant alors
une dizaine d’emplois, ont été pourvus localement. Les liaisons de
télécommunications internationales sont progressivement transférées sur cette
station au fur et à mesure que les correspondants étrangers s’équipent du
même type d’installation. Au terme de ce transfert, le site de Ouémo est donc
abandonné, car la station satellite assure à la fois l’émission et la
réception des communications. Le Réseau Général Radioélectrique (RGR) devient
un Centre des Télécommunications du Réseau Extérieur rattaché à la Direction
Générale des Télécommunications (DGT) du Ministère des PTT, devenue par la
suite France Telecom. France
Câbles et Radio (FCR)… A partir du 1er
janvier 1986, le Ministère des PTT confie à sa
filiale France Câbles et Radio (FCR), déjà responsable des opérations à
l’étranger, l’exploitation des Télécommunications extérieures de
Nouvelle-Calédonie. Dans le Pacifique, FCR est également chargée début 1986
des Télécommunications extérieures de Polynésie ainsi que de Wallis et
Futuna. FCR a poursuivi le développement et la modernisation de la station et
des équipements techniques de Nouville afin d’adapter en permanence la
capacité et la qualité des liaisons, à l’évolution des besoins pour les
différents services : Téléphone, fax, transmissions de données, audiovisuel
etc. Des liaisons directes
par satellite existent avec la Polynésie française,
Singapour, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, les Etats-Unis, le Japon, Wallis et Futuna, Fidji, le Vanuatu. Mais en ce qui
concerne la France Métropolitaine, le satellite en position géostationnaire
(fixe, vu de la Terre) au-dessus du Pacifique ne « voyant » pas en même temps
Nouméa et la France (la faute à… la rotondité de la planète !), il a été
nécessaire de réaliser cette liaison en partie par satellite jusqu’au Canada,
puis du Canada vers la France, par un câble sous-marin transatlantique (TAT
9). Afin d’assurer la sécurisation maximale nécessaire, une deuxième liaison
vers la France était assurée par l’Est, via Singapour et le câble sous-marin
Sea Me We. Quel
avenir pour France Telecom en Nouvelle-Calédonie ?
En 1990,
la DGT devient France Telecom et FCR, sa filiale à 100 %, continue d’assurer
l’exploitation des Télécommunications extérieures de Nouvelle-Calédonie. FCR
Nouvelle-Calédonie est une succursale de FCRSA employant deux cadres
(Directeur Général et Directeur Technique) métropolitains ainsi que 27
salariés locaux (cadres, techniciens et employés). En 1994,
FCR Nouvelle-Calédonie a procédé à la remise à niveau
de l’ensemble des équipements afin de les adapter à la nouvelle technologie
numérique (convergence des télécommunications avec l’informatique). Cette
opération, qui a nécessité des investissements importants, a permis
l’avènement de nombreux nouveaux services tels que la transmission de données
haut débit, le RNIS, le GSM, la visioconférence et bien sûr Internet… ainsi
qu’une amélioration très sensible de la qualité des communications. De plus,
la technologie numérique a permis une meilleure gestion et une meilleure
optimisation des capacités de transmission pour les liaisons internationales.
En l’an 2000,
dans le cadre des Accords de Nouméa, la compétence du secteur des
Télécommunications est transférée par l’Etat au Gouvernement de
Nouvelle-Calédonie qui étudie la mise en place d’une nouvelle organisation
des Télécommunications internationales. France Telecom, qui a
été un partenaire historique de la Nouvelle-Calédonie, propose de continuer
ce partenariat en apportant son expertise, son « poids » de groupe figurant
parmi les leaders mondiaux d’un secteur fortement concurrentiel. Pour tenir compte du
nouveau contexte, France Telecom propose également de créer une structure
juridique commune en acceptant d’y être minoritaire. Des discussions longues
et difficiles commencent alors avec le Gouvernement de Nouvelle-Calédonie et
l’Office des Postes et Télécommunications qui se montrent peu réceptifs aux
propositions de France Telecom. Ils préfèrent
installer progressivement et exploiter seuls leurs propres équipements, décidant
finalement en 2004 de construire un câble
sous-marin entre la Nouvelle-Calédonie et l’Australie. France Telecom, qui
est un des leaders mondiaux dans ce domaine, propose encore d’être le
partenaire stratégique. Mais la fourniture et la pose
de ce câble sont confiées à la société ALCATEL LUCENT. La mise en service
a eu lieu en septembre 2008, l’exploitation étant réalisée par l’OPT
de Nouvelle-Calédonie en partenariat avec un ou plusieurs opérateurs
australiens. Dans ces conditions,
France Telecom n’a plus sa place dans l’organisation des télécommunications
en Nouvelle-Calédonie et se voit contraint d’arrêter son
activité après 60 ans de « bons et loyaux services » (Ministère des
PTT puis France Câble et Radio). Les dernières
discussions portant sur les conditions de reprise par l’OPTNC du personnel et
des infrastructures restantes à FCRNC ont été conclues à la fin de l’année
2008. FT/FCR a transformé
la succursale FCR-Nouméa en une
filiale dénommée CITIUS qui à été vendue à l’OPT de
Nouvelle-Calédonie en date du 1er décembre 2008 .
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