FCR et l'AFRIQUE Période 1960/1990
par Michel Hachmanian
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INTRODUCTION
Les autorités qui, en 1959, portèrent FCR sur les fonts baptismaux la nommèrent Compagnie française des Câbles sous-marins et de Radio. Cela nous éclaire sur les deux métiers de base qui furent alors dévolus à notre Société. Dans le cadre de notre "devoir de mémoire", il était indispensable de consacrer quelques rubriques à ces activités. Les câbles sous-marins feront l'objet d'un article spécifique dont nous demanderons la rédaction à notre spécialiste et ami Gérard Fouchard. En ce qui concerne la Radio, l'activité de FCR se limita dans un premier temps au continent africain. Il fallait écrire l'histoire de cette épopée africaine de FCR qui s'étendit sur près de 30 ans. Et, pour nous la raconter, qui trouver de plus compétent que celui qui la suivit de bout en bout, qui en fut un artisan de premier plan : Michel Hachmanian ? Connu de tous, des ministres jusqu'aux agents de l'exploitation, apprécié pour sa compétence et son autorité souriante, Monsieur Hachmanian fut véritablement le "monsieur Afrique" de FCR. R. Lancesseur oooooooo |
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SOMMAIRE I. La naissance de FCR II. Les années 1960 A. La
création du réseau africain FCR B. La
gestion du réseau III. Les années 1970 A.
Les évolutions structurelles et techniques
B. Développement des
infrastructures internationales
C.
L'évolution des Sociétés mixtes IV. Les années 1980 A.
Développement des infrastructures internationales
B.
L'évolution des Sociétés mixtes V. Les restucturations des années 1990 VI. L'expérience d'EGT-I au Cameroun I. La naissance de FCR
On peut faire remonter très loin dans
le passé - jusqu’à la préhistoire des télécommunications dans la seconde moitié
du dix-neuvième siècle - l’ascendance de FCR, mais pour les membres de notre
Amicale, je pense que, majoritairement, FCR recouvre en fait la période,
déjà en soi fort longue, s’étendant du début des années 1960 à la fin des années
1990. Que les anciens qui ont, au cours des
décennies précédentes, connu Déolen et les stations du chapelet ouest-africain de
câbles sous-marins télégraphiques ne se formalisent pas de cette affirmation.
D’ailleurs à cette époque FCR n’était pas encore née puisque, avant le
1er novembre 1959, ses ascendants directs s’appelaient France Câbles (FC) ou
Câbles Sud américains (Sudam). Alors la question vient à l’esprit :
pourquoi à cette date, a-t-il été nécessaire de procéder à une
« restructuration » ? Pour bien en comprendre les raisons, il faut avoir en mémoire la structure d'organisation des réseaux de télécommunications dans l'Afrique coloniale francophone à la fin des années 50. Deux ministères en avaient la charge : 1. le Ministère de la France d'Outre-mer pour les réseaux internes à chacune des trois entités : AOF, AEF, Madagascar. 2. le Ministère des PTT pour les réseaux "internationaux" : liaisons avec les autres continents, liaisons interfédérations
S’agissant du Ministère des PTT, sa
tutelle s’étendait sur deux systèmes de télécommunications : - un réseau radioélectrique - un réseau de câbles sous-marins
télégraphiques.
Le réseau radioélectrique : Le réseau baptisé Réseau Général Radioélectrique (RGR) dépendait de la Direction des Services Radioélectriques (DSR). Il était constitué de quatre centres : -
trois d’entre eux étaient localisés dans les capitales des Fédérations :
Dakar (AOF), Brazzaville (AEF), Tananarive (Madagascar). - un
quatrième était implanté à Bamako (Soudan Français) pour des raisons liées à
l’histoire de la colonisation. Le réseau
fut en effet créé après la première guerre mondiale par le Général
Ferrié pour des besoins stratégiques de communications entre la Métropole et ses
colonies d’Afrique. Il fut par la suite transféré pour son exploitation à
l’Administration civile, en l’occurrence le Ministère des
PTT. Rappelons, pour la petite
histoire, que le réseau Ferrié fonctionnait en ondes longues (myriamétriques) et
utilisait la seule technique disponible à l’époque : celle des alternateurs HF
dont les puissances s’exprimaient en centaines de kilowatts. C’est la raison
pour laquelle, pendant très longtemps, ont subsisté dans les centres RGR les
restes "archéologiques" des grands pylônes supports des antennes OL
: brins rayonnants verticaux et nappes
capacitives horizontales.
Le réseau des Câbles Sous-Marins Télégraphiques : Le réseau fut géré par la Direction
des Câbles Sous-marins jusqu’en 1952 date à laquelle cette dernière transféra
l’exploitation à une filiale créée à cet effet : la Compagnie France
Câbles (FC). En 1959 ce réseau formait un feston
de câbles le long de la côte ouest africaine, de Dakar à Douala, avec des
"escales" à Conakry, Monrovia, Grand-Bassam, Cotonou et Douala et deux
extensions Conakry-Freetown et Dakar-Recife. Vers
la métropole, le prolongement au delà de Dakar se faisait par les
moyens radioélectriques du centre RGR. C’est ainsi qu’à Dakar avant
1959, coexistaient sous le régime de la " paix armée ", un centre
purement PTT, le RGR et un centre FC (filiale à 100% des PTT). En cette fin des années 1950, l'Afrique coloniale française évoluait très rapidement vers les indépendances individuelles des territoires de l'AOF, de l'AEF et de Madagascar. La tutelle du Ministère des PTT sur ses réseaux africains devait à court terme être transférée aux nouveaux Etats en voie de fondation. Dans cette perspective, le Gouvernement français décida de "privatiser" la totalité des activités africaines du Ministère des PTT, décrites ci-dessus, en les filialisant au sein d'une nouvelle organisation : la Compagnie Française de Câbles Sous-marins et de Radio (FCR), créée à cet effet le 1er novembre 1959. Cette opération complexe fut, en fait, conçue et pilotée de bout en bout par un homme tout à fait exceptionnel, M. Lhermite qui, à l'époque, était à la tête de la Direction des Services Radioélectriques (DSR). A la création de FCR, il en devint le premier Président, le Président Fondateur. Il devait rester à ce poste jusqu'en 1970. Avec la collaboration d'un très grand Directeur Général, M. Colin de Verdière, FCR devait connaître un développement extraordinaire et devenir une entité mondialement reconnue dans le domaine des Télécoms. A. La création du réseau FCR L’outil juridiquement adéquat était ainsi mis en place pour permettre à FCR, dans la perspective des indépendances, la poursuite des activités d’opérateur télécoms exercées par le Ministère des PTT tout au long de la période coloniale. Encore fallait-il, que dans
chaque état indépendant, ce projet soit accepté. Des négociations à cet effet
furent donc engagées avec les gouvernements nouvellement au pouvoir sur la base
générale suivante : - FCR propose de
mettre en place tous les moyens nécessaires pour créer, développer, exploiter un
réseau de télécommunications internationales. - FCR en assume toutes les charges (investissements et frais d’exploitation) - FCR est
rémunérée par une quote-part sur les recettes générées par l’exploitation du
trafic acheminé, le solde revenant au gouvernement. C’est
ainsi que furent signées, entre 1959 et 1964, des conventions avec de nombreux
états entre lesquels il convient de distinguer deux groupes : a) le groupe des États qui disposaient, dès
l’époque coloniale, de systèmes de télécommunications internationales :
télégraphe, téléphone .
Sénégal .
Mali (ex Soudan Français) .
Congo (Brazzaville) .
Madagascar b) le groupe des Etats qui pour leurs relations
internationales devaient transiter par l’un des quatre premiers centres énumérés
ci-dessus : .
Dakar et Bamako pour l’AOF/Togo .
Brazzaville pour l’AEF/Cameroun Pour ces
pays, le fait de pouvoir désormais disposer de leurs propres centres de
télécommunications internationales constitua une amélioration considérable par
rapport à la situation antérieure. En voici la liste :
Afrique de l'Ouest Côte d'Ivoire, Togo, Dahomey (Bénin), Niger,
Haute-Volta (Burkina Faso). Il convient d'y
ajouter le Liberia où la licence d'exploitation de télégraphie sous marine fut
étendue à la création d'un réseau radioélectrique (téléphone,
télégraphe). Afrique Centrale Tchad, Cameroun, Centrafrique et Congo. La stratégie adoptée (avec des variantes suivant les pays) était en gros toujours la même : mise en
place très rapide (quelques semaines) des équipements nécessaires pour établir
une liaison téléphonique et télégraphique avec la France, prioritairement.
Etaient
utilisées pour ce faire des infrastructures provisoires (bâtiments et terrains)
mises à disposition, en général, par les Offices locaux des PTT ou plus rarement
loués par FCR à des propriétaires privés. .
centres émetteurs HF .
centres récepteurs HF .
terminal téléphonique, télégraphique, télex dotés en matériels en fonction des besoins, accroissement de trafic, ouverture de nouvelles liaisons directes. Parallèlement, l’exploitation des
câbles sous-marins télégraphiques du feston ouest-africain était abandonnée
progressivement : - Douala
et Cotonou très rapidement, dès la mise en service des centres
radioélectriques, - Monrovia, Abidjan, Conakry, Dakar,
beaucoup plus tard car pour des raisons politiques il fallait
maintenir : . à Monrovia,
l’exploitation des câbles sous-marins télégraphiques Monrovia – Abidjan et Monrovia –
Conakry, . à Conakry, la liaison avec
Freetown, . à
Dakar, la liaison avec Recife. A noter que pour améliorer
l’exploitation, la création du Centre Radioélectrique d’Abidjan amena FCR à
transférer en 1964 de Grand-Bassam à Port-Bouet (Abidjan) l’atterrissement du
câble télégraphique avec Monrovia. La station de Grand-Bassam fut fermée et
l’exploitation ramenée à Abidjan au terminal radioélectrique récemment implanté
en ville. B. La gestion du réseau Le réseau FCR dans sa plus
grande extension comportait donc une quinzaine de centres dont l’organisation
locale était identique, à l’importance près en fonction des
pays. Pour tous
les anciens qui y ont servi, cette décennie 1960 restera dans leur mémoire comme
une période d’activité intense – une période pionnière – particulièrement
enrichissante où chacun a voulu et pu donner le meilleur de
lui-même. Période
pionnière, pourquoi ? Parce que dans le nouvel environnement géopolitique de
l’Afrique francophone, les personnels des centres FCR se sont trouvés confrontés
à des situations inédites. Certes, ils disposaient du soutien de la Direction
Générale de FCR – à Paris - dont il sera
dit un mot par la suite, mais sur place leur situation était celle d’une équipe
de PME, tout à fait autonome, et ayant à gérer au quotidien et sous leur
responsabilité un ensemble de problèmes de toutes natures : - relations directes avec les autorités locales
(ministres de tutelle, offices des PTT)
- relations avec la clientèle - gestion des personnels locaux (recrutement,
formation, ….) - gestion administrative et
comptable - gestion technique et opérationnelle des
infrastructures et équipements. Dans tous
ces domaines les personnels de FCR devaient essentiellement compter sur leurs
qualités professionnelles bien sûr, mais aussi et surtout sur leurs qualités
personnelles, initiative, débrouillardise, sens des relations humaines …Ce
qu’ils surent faire avec beaucoup de talent. Dans
cette organisation le rôle de la Direction Générale était
de leur
apporter le soutien le plus efficace possible. Les
« Africains » avaient donc à Paris un certain nombre de « correspondants »
spécialisés sur lesquels ils savaient pouvoir compter : - Service opérationnel Afrique pour tous
les problèmes techniques et
d’exploitation - Comptabilité trafic - Direction financière - Direction du Personnel (qui deviendra
ultérieurement la DRHA) - Centrale d’achats Pour les personnels des Centres en Afrique, la
Centrale d’achats constitua un rouage fondamental de leur travail au quotidien.
Les services éminents rendus sous la responsabilité d’un chef charismatique sont
restés légendaires dans toutes les mémoires. III. Les années 1970
A. Les évolutions structurelles et techniques
La décennie 1960 a donc permis la création
dans les pays précédemment cités de centres d’exploitation « modernes » -
pour
l’époque - et qui en assurant leur désenclavement a apporté une contribution
appréciable au développement des jeunes Etats. Mais dès
le milieu de cette décennie 60, il est apparu que les moyens mis en place,
fondés sur la technique HF (ondes décamétriques) allaient à court terme se
trouver dépassés par l’avènement des techniques de transmission à grande
capacité et de haute qualité (satellites et câbles sous-marins
téléphoniques). Afin de
préparer cette échéance, la Direction Générale de FCR, dès 1965, créa un
département « Transmission par satellites » chargé de développer au sein de la
Compagnie une compétence et une expertise dans cette technique qui s’avérait
particulièrement bien adaptée aux besoins africains. Mais la
mise en œuvre de ces moyens, à prévoir à l’horizon des années 1970, supposait,
aussi, la refonte des structures de gestion telles qu’elles avaient été conçues
à l’époque des indépendances. Les
télécommunications par satellites, de par leur nature, s’organisaient à
l’échelle mondiale avec pour noyau central INTELSAT, consortium international à
multiples facettes : politique, technique, opérationnelle … Le volet
politique faisait que les Etats devenaient dans leurs pays respectifs le pilote
de la gestion de leur système de télécommunications par satellites, même si dans
beaucoup de domaines (techniques et opérationnels notamment) ils déléguaient
leurs pouvoirs à des organismes spécialisés. Dans
cette perspective, FCR dès la fin des années 1960, fut amenée à proposer aux
Etats africains, à commencer par ceux avec lesquels elle avait conclu quelques
années auparavant des conventions d’exploitation, un nouveau type de
partenariat. Il
s’agissait cette fois de la création d’Entités d’Economie mixte (sous la forme
juridique de SA ou SARL) associant l’Etat et FCR. Le principe de base de cette
proposition était que ces Entités, de par leur nature, disposaient à la
fois : - par la
présence de l’Etat, de la compétence « politique » - par la
présence de FCR, de la compétence technique et opérationnelle. Et c’est
ainsi, qu’au fil du temps, naquirent TELEMALI, TELESENEGAL, INTELCI (Côte
d’Ivoire), INTELCAM (Cameroun), STIMAD (Madagascar), STIN (Niger), TIG (Gabon),
SATELIT (Togo), TIT (Tchad), STID (Djibouti), SOCATI (République
Centrafricaine), GETESA (Guinée équatoriale).
L’objectif prioritaire assigné
à toutes ces sociétés étaient bien évidemment de faire basculer dans les
meilleurs délais l’exploitation des télécommunications internationales dans
l’ère spatiale. En
quelques années furent construites une douzaine de stations terriennes :
a) dans une première phase des stations « type
A » caractérisées par leur antenne parabolique de 30 mètres de diamètre pour les
pays de fort trafic, notamment : en 1972 -
en Côte d'Ivoire : la station d'Akakro
près d'Abidjan
- au
Sénégal : la station de Gandoul près de Dakar (voir photo) -
à Madagascar : la station d’Arivonimamo près de
Tananarive en 1973 -
au Cameroun : la station de Zamengoe près de Yaoundé -
au Gabon : la station de N'Koltang près
de Libreville en 1977 -
au Togo : la station de Cacavelli près de Lomé.
b) dans une seconde phase des stations de « type B » (antenne de 11/13 mètres) pour les pays à plus faible trafic. La
cellule « transmissions par satellites » de FCR apporta une contribution
décisive dans la maîtrise d’œuvre de toutes ces stations : - choix des sites d’implantation,
- conception des infrastructures (bâtiments,
énergie) - élaboration des termes de
références pour la passation de marchés d’équipements essentiellement avec le
Groupe TELSPACE (Alsthom, CIT-Alcatel, Thomson-CSF) et leur suivi jusqu’à la
réception, - réception des équipements - formation des personnels, assistance au
démarrage de l’exploitation. A noter qu’au delà des interventions
au bénéfice des sociétés partenaires de FCR, le Département « Transmissions par
satellites » fut amené à « vendre » une compétence internationalement reconnue,
à un grand nombre d’opérateurs étrangers partout dans le
monde. Avec la mise en place de ces
nouveaux moyens de transmission, la qualité d'écoute n'avait plus rien de commun
avec le passé et provoqua une poussée de la demande. Toutefois, la véritable
explosion du trafic ne survint qu'avec la mise en place des équipements
permettant l'accès automatique au service téléphonique international, sans
intervention d'opératrices et sans délais d'attente : les Centres téléphoniques
internationaux automatiques. Pour l'étude et l'ingénierie de ces
Centres, la Direction Générale de FCR avait également mis en place, dès 1973,
une "cellule Commutation" qui participa à : - la rédaction des cahiers des
charges, - la passation des marchés (avec la CGCT pour les premiers centraux en
matériel électromécanique Pentaconta, ultérieurement avec Thomson CSF Téléphone pour les centraux
en matériel électronique MT 20),
- le suivi des marchés,
- la réception et la mise en
service des équipements avec la collaboration du CNET. C'est ainsi qu'à la fin
des années 1970 les grandes capitales de l'Afrique francophone eurent accès au
réseau téléphonique commuté international : -
en 1975
Abidjan, -
en 1979 Dakar et
Yaoundé, -
en 1980 Libreville et
Tananarive. Tous les anciens qui ont participé à
cette « révolution » se souviennent du fantastique bon en avant dans la qualité
de service offerte aux clients avec pour conséquence une explosion des volumes
de trafic. Et cerise sur le gâteau, le public
découvrait que l’on pouvait aussi échanger des programmes de télévision avec des
correspondants dans n’importe quelle partie du monde et promouvoir d’autres
services encore plus professionnels, comme par exemple, la transmission de
données (aujourd’hui support du WEB). Dans un pareil contexte, la bonne
vieille technique HF fut enterrée sans fleurs, ni couronnes, elle qui vaille que
vaille, malgré ses limitations génétiques, avait tout de même rendu pendant
quelques décennies de bons et loyaux services. Ainsi va la vie qui n’a de sens
que dans l’évolution et le progrès. Ceux qui ont débuté leur carrière
aux temps "médiévaux" dans l’histoire des télécommunications en garderont un
souvenir nostalgique, mais encore bien vivant.
B. La gestion des Sociétés mixtes
Comme indiqué précédemment l’objectif
de base dans la création de ces sociétés étaient d’institutionnaliser un
partenariat étroit entre les Gouvernements et FCR : *
pour tenir compte de l’évolution des
techniques dans le domaine des télécommunications, *
pour donner aux Etats, après quelques années d’indépendance, un contrôle plus
direct dans la gestion de leurs systèmes de télécommunications.
L’actionnaire majoritaire était
généralement l’Etat et par voie de conséquence les instances de direction
s’organisaient comme suit : - une Assemblée d’actionnaires et un Conseil
d’Administration présidés par une personnalité nationale, - un Président Directeur Général, personnalité
locale, - un Directeur Général FCR. Les fonctions exécutives étaient ainsi
réparties : - les relations extérieures, la direction du
Personnel revenaient au Président, -
les tâches techniques,
l’exploitation des liaisons se trouvaient placées sous la responsabilité du
Directeur Général FCR. S’agissant de l’ensemble de ces tâches, la
Direction Générale de FCR par des accords de partenariat avec la Société
apportait en tant que de besoin, sa coopération dans tous les domaines
: - comptabilité financière - comptabilité trafic
- mise à disposition de personnels techniques expatriés pour la gestion
des Stations et des Centres - formation des personnels nationaux
- approvisionnements. On comprend à travers cette
énumération que la Direction Générale de FCR prolongeait dans le temps au
bénéfice des Sociétés les mêmes services qu’elle assurait précédemment à ses
filiales africaines.
A. Développement des infrastructures internationales
Durant les années 80, FCR poursuit et
diversifie sa collaboration avec les gouvernements africains pour l'installation
de leurs infrastructures de télécommunications
internationales. * L'accès au système Intelsat et au réseau
téléphonique international est ainsi réalisé : -
en 1980 pour Djibouti -
en 1982 pour Niamey -
en 1984 pour Lomé -
en 1985 pour Nouakchott et Cotonou -
en 1987 pour N'djamena. * La modernisation et l'extension des
infrastructures en Côte d'Ivoire, au Cameroun et au Gabon amènent la mise en
place :
- à Abidjan, en 1986, d'un centre international téléphonique électronique
de technologie MT 20, en remplacement du centre électromécanique,
- à Douala, en 1986, d'une station
terrienne et d'un centre international téléphonique électronique, -
à Libreville, en 1989, d'un centre
international électronique en système MT 20. * L'aide de FCR s'est également affirmée dans
les domaines du télex, de la commutation de messages et des transmissions de
données. A la fin des années 1980, la plupart des capitales que nous avons
énumérées plus haut possédaient leur centre télex international et leur centre
de commutation de messages mis en place avec l'appui des experts de
FCR. * Citons également la part prise par FCR dans
l'étude et la réalisation des réseaux domestiques par satellites au Mozambique
et au Zaïre et la création à Zamengoe
(Cameroun), après appel d'offres international, d'un
centre de contrôle du réseau Intelsat. * Système de câbles sous-marin Dans l'organigramme de FCR, existait un service très important : la Direction des Câbles Sous-Marins. Son "objet social" était, en liaison étroite avec le département Câbles Sous-Marins de France Télécom, d'assurer le pilotage de projets de de construction de systèmes internationaux de câbles sous-marins : étude de faisabilité, établissement des cahiers des charges, appels d'offres, suivi de réalisation , réception et mise en service. Quelques uns de ces projets ont concerné certaines des Sociétés africaines associées à FCR : Secteur Ouest africain : - Entre 1973 et 1980, la "guirlande cotière" Casablanca - Dakar - Abidjan - Lagos implique Sonatel et Intelci, - En 1982, le système Atlantis Europe - Sénégal - Brésil implique Sonatel. Secteur Est africain (Djibouti) : De par sa position géographique très favorable, Djibouti s'est trouvé être un des points d'atterrissement des projets SEA-ME-WE, systèmes de câbles Asie du Sud-Est - Moyen Orient - Egypte - Europe de l'Ouest. La STID, impliquée dans ces projets, eut un rôle opérationnel très important à jouer dans le fonctionnement de ces systèmes (technique coaxiale pour le SEA-ME-WE 1, fibres optiques ensuite). *** Au
fil du temps et en fonction de l'augmentation du nombre d'études, les équipes
d'experts mises en place à Paris par FCR s'étaient étoffées. Un département Ingénierie en
Télécommunications Publiques fut créé. Il comprenait 4 Services
: -
Télécom par satellite, -
Commutation publique, -
Transmissions terrestres, -
Energie et Bâtiments. Créé pour les "besoins de la cause", à savoir la maîtrise d'oeuvre des projets d'investissement techniques de FCR dans une phase initiale, ce département étendit tout naturellement ses activités de consultance aux Sociétés mixtes dans une deuxième phase, puis à des "clients" totalement étrangers à FCR dans une phase ultime. Au fil du temps, le département était ainsi devenu un consultant en télécommunications de renommée internationale. Hommage doit en être rendu à tous ceux qui, par leur compétence, réussi cette "success-story". Pour
des raisons d'organisation interne au Groupe France Télécom,
il fut décidé en 1988 de rattacher ce département
"Ingeniérie" à Sofrécom, elle-même
filiale de FCR. Cette rupture avec la maison mère fut,
pendant quelque temps, vécu assez difficilement par les
personnels concernés. B. L'évolution des Sociétés mixtes
Les années 1980 connurent l'apogée de la
présence des gestionnaires et techniciens
de FCR en Afrique. En
juillet 1988, on dénombrait 42 expatriés dans 14 pays
différents. Une
nouvelle filiale, GETESA, a été créée en 1987 avec le gouvernement de la Guinée
Equatoriale. Cependant, au fil des années, en vertu de la
philosophie à base du partenariat FCR/Etat et au fur et à mesure de la formation
des personnels nationaux, la responsabilité de gestion allait être
progressivement transférée à ces derniers. La conséquence de cette évolution commença à
se matérialiser au début des années 1980 par la volonté de certains états de
nationaliser le capital de leur Société Mixte par le rachat de la participation
de FCR. Le processus s’amorça dans une première
phase par les Etats les plus importants, Côte d’Ivoire (1981), Cameroun (1982),
Sénégal (1985) et se généralisa tout au
long de la décennie. Cependant, au
sein de ces nouvelles entités, les contrats de coopération opérationnelle avec
FCR furent reconduits avec quelques aménagements en fonction des spécifications
locales. Ainsi, même si FCR n’était plus co-actionnaire, elle conserva son rôle
de partenaire opérationnel dans la gestion des sociétés, notamment par le
maintien des personnels expatriés et de fournitures de
matériel. Progressivement,
différents Etats souhaitèrent fusionner leurs télécommunications nationales et
internationales dans un organisme de gestion unique, provoquant soit la
disparition soit la modification des structures de la Société mixte comme
: - en 1984, l'absorption d'INTELCI par l'ONT de
Côte d'Ivoire, - en
1985, la fusion de TELESENEGAL et de la Direction des Télécoms de l'OPT pour
former la SONATEL, société d'Etat, - en
1989, en Centrafrique, la transformation de SOCATI en
SOCATEL. Ce processus d'intégration allait bientôt concerner d'autres filiales de FCR. V. Les restructurations des années 1990
La vague de
privatisation du secteur des
télécommunications qui s’amorça au début des années 1990 dans les pays
développés, traditionnellement sous monopole d’Etat, s’étendit également au
continent africain et notamment dans les pays francophones. Ces Etats ouvrirent leurs systèmes de télécommunications à la participation des investissements internationaux * dans le secteur de la téléphonie
mobile * dans le secteur de la téléphonie fixe national
ou international également. Dans cette nouvelle phase, les
acteurs français sont France Télécom directement ou par le biais de ses filiales
spécialisées (Orange). C'est ainsi qu'en 1997, France Télécom prit
: -
51 % du capital de CI- TELCOM, la
nouvelle société ivoirienne de droit privé qui gérait depuis 1991 les télécoms de Côte
d'Ivoire, -
42,33 % du capital de la SONATEL au Sénégal. A la fin des années 1990, Orange
possédait quelques filiales en Afrique : -
Ivoiris en Côte d'Ivoire, -
Mobilis au Cameroun, -
Sonaten Alizé au Sénégal, -
Antaris à Madagascar, -
Caratel en
Centrafrique -
Vista Cellular au
Bostwana. Dans les plus importantes de ces filiales, une partie du personnel expatrié associé à la gestion avait fait ses premières armes à FCR.
VI. L'expérience d'EGT- I. au Cameroun
Un panorama de l'action de FCR en Afrique se
doit d'évoquer le partenariat particulier que la Société eut avec le
gouvernement camerounais pour
l'ingénierie d'une grande partie de son réseau de
télécommunications, ce qui constitua une activité très
spécifique et très originale. Ce partenariat, qui dura près de 20 ans, fut conclut à la fin des années 1960 entre le Ministère camerounais des Postes et Télécommunications et EGT-I, filiale à 100 % de FCR qui pouvait proposer ses services sous un autre nom. Les contrats d'ingénierie, qui firent l'objet de plusieurs conventions successives, accompagnaient les différents programmes d'équipements de la plus grande partie du réseau téléphonique camerounais (hors zone anglophone), assurés par des constructeurs français, financés et supervisés par les organismes français de Coopération. EGT-I
(FCR) devait apporter une assistance totale aux ingénieurs
et techniciens de la Direction générale des Télécommunications du
Cameroun pour l'étude, les relations avec
les constructeurs, la signature, le suivi et la réception de tous les marchés
d'équipement du réseau de téléphonie publique. Cela concernait tous les domaines du réseau : - les centraux téléphoniques y compris les bâtiments qui les abritaient et la fourniture d'énergie dont il avaient besoin, - les faisceaux hertziens qui les reliaient -
les réseaux urbains souterrains et aériens de rattachement des
abonnés. Pour mener à bien ces travaux EGT-I
(FCR) mit en
place une petite équipe permanente à Paris et procéda au
recrutement et à l'expatriation
à Yaoundé d'experts de l'Administration française des Télécommunications. Cette collaboration étroite entre les
ingénieurs camerounais et les spécialistes d'EGT-I (FCR) permit en quelques années, à la
satisfaction de tous, la mise en place d'une infrastructure moderne de 34
centraux téléphoniques dans l'ensemble du pays et la modernisation des deux
grands réseaux de Douala et Yaoundé. Cette
collaboration
prit fin quand les autorités camerounaises se rapprochèrent des constructeurs
allemands vers la fin des années 1980.
oooooooo La grande aventure commencée en 1960
en Afrique
par FCR se termine ainsi. Elle aura duré une bonne trentaine d’années, période
que notre Association a tenté de pérenniser dans la mémoire des
Anciens de FCR. |
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