Expérience de Linux et des Logiciel Libres dans un réseau local
(Philippe Allart, CUDL)



Peu après que le service informatique de la Communauté Urbaine de Lille ait commencé la mutation de ses applications sous Unix en 1990, les logiciels libres se sont rapidement imposés auprès des développeurs par leur stabilité, leur fiabilité, et surtout grâce à leur disponibilité sur toutes les variantes d'Unix, instaurant ainsi une sorte de standard.
C'est ainsi que dans les années qui ont suivi, GCC, compilateur C, C++ et Objectve C, gawk, puissant langage de manipulation de texte, TCL/TK, langage de script très didactique, avec son extension pour manipuler des bases Oracle, Apache, le célèbre serveur web, Ghostscript, convertisseur de postscript en une multitude de formats d'impression, et enfin SAMBA, le protocole de partage de ressources qui réconcilie Unix et Windows, se sont peu à peu répandu sur tout le parc des vingt cinq serveurs ou stations de travail.

C'est dans ce contexte que Linux a été testé pendant l'année 1998.
La première épreuve qu'il a du subir a été la mise en charge sur le réseau local. Un simple PC muni d'un Pentium 166 et de 32Mo de RAM supportait très bien la connexion de trois ou quatre terminaux X. La couverture logicielle était aussi déterminante, et nos utilisateurs ont été vite séduit par la perspective de pouvoir utiliser en même temps une interface conviviale, une suite bureautique très complète et les applicatifs raphiques qui avaient été développés par nos services sous HP-UX, puis recompilés sans problèmes sous Linux.
Mais Linux a gagné ses lettres de noblesse en tant que serveur de messagerie. Le serveur a été mis en place en moins d'une semaine, et la base des utilisateurs a été chargée avec la liste des 3000 agents de la CUDL. Aujourd'hui, près de 1000 utilisateurs se connectent automatiquement toutes les demi-heures, sans jamais perturber le serveur. C'est ainsi qu'il a accepté sans broncher plus de deux millions de connexions depuis le dernier démarrage.

Ce système libre s'est distingué aussi dans des tâches beaucoup plus humbles. Il remplace avantageusement les émulateurs X11 sous Windows en transformant en terminal X un vieux PC, configuré en double amorçage, ce qui en fait un poste de travail du tout dernier cri. Le double amorçage a posé le problème des imprimantes partagées.
Là encore, le système des logiciel libre a montré tout son potentiel.
Pour la connectivité d'abord; grâce à SAMBA, un PC sous Linux peut partager une imprimante de la même façon que sous Windows mais il peu aussi utiliser n'importe quelle imprimante partagée. Grâce à NCP, il accède aussi aux imprimantes sur le réseau Novell (il peut aussi accéder au réseau AppleTalk, ce qui mérite d'être signalé, même si nous n'en avons pas l'usage à la CUDL).
Pour la simplicité ensuite: en effet, Ghostscript transforme toutes les imprimantes en imprimantes postscript: finie donc la valse des pilotes.

Une dixaine de personnes pratiquent actuellement Linux dans le service, et la plupart l'on installé chez elles en second amorce, et certains utilisateurs non informaticiens suivent le même chemin.
La maîtrise du système est venue progressivement grâce à la documentation claire et abondante fournie avec les distributions, ou disponible sur l'internet.
La lecture des documents est un investissement non négligeable, mais on se rend compte, avec le recul, que les effets sont durables, puisque la plupart des logiciels, utilisés déjà depuis sept ans, continuent de s'améliorer et de s'adapter aux nouvelles technologies.

En conclusion, Linux offre la perspective d'un réseau local beaucoup plus simple à gérer, dans la mesure où tous les postes installés seraient télé-administrables, hautement sécurisés, et se comporteraient de façon symétrique aussi bien en poste client qu'en poste serveur.
Cette perspective s'avère de plus en plus réaliste avec la venue sur le marché de suites bureautiques très similaires aux suites actuellement utilisées.
Il faudrait maintenant qu'elle soit perçue par les sociétés qui proposent des progiciels structurants, tels que des systèmes d'informations financiers, géographiques ou de ressources humaines, afin que leur offre inclue des postes clients tournant sous Linux, condition indispensable pour que nous puissions envisager une reconversion complète du parc d'ordinateurs.