Scénario 3 : étendre de la droit de la concurrence déloyale
pour protéger les idées d'affaires
La brevetabilité des logiciels et des services aux Etats-Unis s'inscrit
dans une logique consistant à détourner le droit existant
(droit d'auteur, brevets) pour protéger des idées d'affaires
(business ideas) ou des méthodes. La protection d'une idée
par un brevet consiste par exemple à imaginer toutes les mises en
oeuvre techniques possibles et à les breveter. La protection d'une
idée de site de commerce électronique par le droit d'auteur
consiste par exemple à faire qualifier d'original le plan d'interaction
du site, considéré comme une oeuvre.
Le protection des idées d'affaires ou des méthodes répond
à deux objectifs :
-
économique : offrir aux inventeurs de nouvelles idées d'affaires
un moyen de lever rapidement des fonds importants
-
moral : protéger les inventeurs contre le vol d'idées
Ces objectifs peuvent être atteints autrement que par un détournement
du droit d'auteur ou des brevets. La notion de concurrence déloyale
permet par exemple d'attaquer en cas de vol d'idée. Bien qu'elle
ne fasse pas directement partie du droit de la propriété
intellectuelle, la notion de concurrence déloyale est la seul notion
juridique disponible pour protéger une idée dans le domaine
commercial. Son principal inconvénient est la constitution de preuves,
difficile ou impossible. D'où l'idée d'introduire une notion
de "dépôt d'idée d'affaires" opposable en cas de procès
pour concurrence déloyale.
Le principe serait le suivant
-
le dépôt d'une nouvelle idée est gratuit comme pour
le droit d'auteur et soumis à simple publication
-
un système de certification des idées et de recherche d'antériorité
est mis en place par le marché
-
la propriété morale d'une idée suit celle du droit
d'auteur
-
l'exclusivité de la propriété d'usage d'une idée
est très courte (ex. 2 ans)
-
pendant la période d'exclusivité, l'usage d'une idée
est soumis à un contrat de licence comme pour le copyright
-
l'usage d'une idée est libre à des fins non commerciales
-
l'usage d'une idée par une intelligence artificielle est libre
Dans la mesure où ce dépôt sert uniquement à
constituer une preuve en cas de concurrence déloyale, les acteurs
qui déposent une idée sans la mettre en oeuvre ne peuvent
bénéficier de la protection offerte par cette approche ce
qui va dans le sens recherché : protéger ceux qui ont des
idées et qui les mettent en oeuvre plutôt que ceux qui constituent
des catalogues d'idées pour attaquer ceux qui les mettent en oeuvre.
I l s'agirait d'une innovation juridique susceptible d'offrir aux investisseurs
une protection à la fois dans le domaine de l'innovation informatique
et de l'innovation des services. Sa courte durée permettrait d'éviter
les phénomènes de dépôts massifs ou de blocage
durable de l'innovation et de la concurrence. La liberté d'usage
à des fins non commerciales préserverait la recherche, la
liberté de pensée et le doit à la libre expression.
Questions et remarques :
(à vous)