M U L T I M E D I A
dimanche 21 juin 1998
Denis Delbecq
| U NE adresse électronique
gratuite pour chaque Français ? Cette proposition, formulée il y a plus d'un an
dans le rapport au premier ministre du député (RPR) Patrice Martin-Lalande, est en passe
de se concrétiser. Mais alors que l'idée en avait été soufflée par La Poste, c'est en
fait France Télécom qui en offre la mise en oeuvre concrète. L'opérateur de
télécommunication propose en effet à tous ceux qui en feraient la demande, une adresse
de messagerie consultable depuis n'importe quel terminal, ordinateur ou Minitel. Baptisé
" le Mél ", ce nouveau service est fourni sans abonnement. Les
communications sont facturées entre 12 et 45 centimes la minute suivant le mode et
l'heure de connexion. Ce service n'offre certes pas autant de possibilités que les
logiciels dédiés au courrier électronique ; mais il a été conçu dans un louable
souci de simplicité. Il permet, par exemple, la constitution d'un répertoire d'adresses
personnel, qui reste stocké sur les ordinateurs de France Télécom. Il autorise
également l'envoi de fichiers accompagnant les messages. Le géant s'appuie également sur sa compétence d'opérateurs téléphoniques pour proposer une option astucieuse qui réduit le coût de consultation : dès que l'on décroche son téléphone, une tonalité particulière signale la présence ou l'absence de messages électroniques. Un dispositif d'alerte qui évite aussi de se connecter pour rien. Cette option devrait également être proposée avec les futurs terminaux Minitel-Internet que France Télécom doit expérimenter d'ici à la fin de l'année. L'opérateur devrait rapidement fusionner le Mél avec son service Minitelnet de courrier électronique par Minitel et ajouter d'autres fonctions reliant la messagerie au téléphone, à l'instar de ce que propose France-Mail depuis le mois de mars : les messages peuvent être écoutés depuis n'importe quel téléphone grâce à un système de synthèse vocale. De même, un numéro d'appel permet de déposer un message vocal qui est automatiquement transmis à la boîte aux lettres électroniques. Car les avantages des services gratuits d'adressage ne sont pas seulement financiers. Ce qui explique qu'ils aient séduit déjà des millions d'internautes outre-Atlantique. A commencer par les débutants, les itinérants, ou les familles qui souhaitent disposer de plusieurs adresses électroniques à partir d'un seul compte d'accès à Internet. Les boîtes aux lettres sont en effet accessibles sur la Toile, sans recours à un logiciel de courrier électronique. Il suffit de mémoriser son code d'accès et son mot de passe, et non les paramètres du système de distribution de courrier de son fournisseur d'accès à Internet. Le courrier électronique devient alors disponible en une fraction de seconde depuis n'importe quel lieu " branché" de la planète, dans les hôtels et cybercafés par exemple. Revers de la médaille, il n'est pas facile d'écrire ses messages hors connexion, et l'on se retrouve soumis aux aléas de trafic de la Toile. Les internautes chevronnés se tournent eux aussi vers les messageries gratuites, dont la plupart restent compatibles avec l'usage d'un logiciel dédié au courrier électronique. Le recours à une adresse gratuite permet de conserver son indépendance vis-à-vis du fournisseur d'accès à Internet, et même d'en changer sans devoir communiquer une nouvelle adresse électronique à tous ses correspondants et se réinscrire auprès de tous ses fournisseurs d'informations (listes de distribution, newsletters...). La plupart des fournisseurs de messagerie gratuite acceptent de réexpédier automatiquement les messages vers le compte de messagerie du fournisseur d'accès à Internet, ou autorisent la connexion à leur service au travers d'un logiciel de courrier électronique traditionnel |