News
Les dessous de l'accès Internet gratuit
15/06/99 

Temps forts

 

Reversements, le point clé

Comment ca marche

L'ART s'en mêle

Pour en savoir plus

08/06/99
Uunet soutient l'accès gratuit

02/06/99
Forfait Internet : France Télécom gèle son offre

Sur le web

France Télécom

ART

 

Pour financer l'abonnement à Internet gratuit, les ISP souhaitent obtenir des reversements sur les communications locales qu'ils génèrent. "Oui …mais " répond France Télécom, acteur incontournable du mécanisme de reversement. Mais l'ART s'en mêle pour favoriser la concurrence

"Comment ? Vous n'avez pas votre accès Internet gratuit !" pourrait devenir le nouveau slogan de tous les fournisseurs de services Internet (ISP) qui se battent pour séduire le plus grand nombre d'internautes et de néophytes. Derrière cette bataille, point de philanthropie ! L'utilisation de l'Internet cache des enjeux énormes, notamment dans les télécoms. En effet, pour se rémunérer du service rendu, les ISP tablent sur un reversement de leurs opérateurs, très intéressés par ce genre de clients. Et le reversement pourrait bien devenir une manne providentielle en attendant que la publicité et le commerce en ligne ( les deux autres sources de revenus des ISP) décollent. En effet, le trafic téléphonique lié à l'usage d'Internet a été estimé par l'Association des Fournisseurs d'accès à 12,9 millions d'heures sur le seul mois d'avril 1999. Et selon l'ART, le trafic Internet devrait représenter une part de plus en plus importante du trafic local : plus de 50% d'ici 3 à 4 ans contre 12% prévus pour 1999. Une somme rondelette est donc en jeu !

Reversements, le point clé
Venu d'Outre manche la mécanique du reversement a, en France, un acteur obligé qui est France Télécom - la boucle locale reste encore son quasi monopole. Or l'opérateur a une position ambiguë sur le sujet. Certes, il s'affirme en faveur du reversement, "nous le pratiquons notamment avec France Explorer qui dispose de plus de 500 000 utilisateurs, mais aussi avec le kiosque Minitel et même avec les nouveaux opérateurs puisque sont définis de manière réglementaire des tarifs d'interconnexion." Mais en même temps, France Télécom refuse "de subventionner ses concurrents".

Comment ca marche
Lorsqu'un utilisateur appelle le numéro de son ISP pour accéder à Internet, il est facturé, s'il s'agit d'un numéro local, par France Télécom au tarif classique de 25 centimes la minute TTC. Mais pour faire aboutir l'appel, l'opérateur historique, s'il n'est pas le fournisseur de l'ISP, doit utiliser les liaisons d'un opérateur tiers et pour cela lui reverser une somme allant de 4 à 7 centimes - en fonction des tarifs d'interconnexion et du volume anticipé -. Sur cette somme reçue, l'opérateur tiers peut en rétrocéder une partie (de 1 à 2 centimes, en fonction de la négociation commerciale) à l'ISP qui s'est lancé dans l'Internet gratuit. Ainsi le montant du reversement de France Télécom sert à rémunérer toute la chaîne. Et c'est çà qui ne plaît pas à l'opérateur historique qui conteste le montant du reversement. "Le versement de 4 à 6 centimes par minute est valable dans la mesure où l'infrastructure des opérateurs tiers est destinée à transporter de la voix. Mais actuellement certains bâtissent des liaisons spéciales entre leur point d'interconnexion avec France Télécom et l'ISP client, or le coût de transport des données est bien inférieur à celui de la voix. Garder le même niveau de reversement revient à les subventionner ", signale l'opérateur.

L'ART s'en mêle
Un débat que l'ART n'a pas encore tranché même si ses positions sont nettes. Elle veut rendre pérennes les offres d'accès à Internet sans abonnement, les multiplier, rendre les tarifs lisibles pour le public et ce faisant laisser la concurrence exister. Pour ce faire, elle a assujetti à certaines conditions l'arrivée du forfait 100 francs pour 20 heures de connexion proposé en janvier par France Télécom. Parmi elles, le régulateur souhaite que les opérateurs tiers ou les ISP puissent aussi facturer leurs abonnés sur les communications téléphoniques locales. Ce qui implique que ces derniers reversent alors à France Télécom une taxe pour l'usage de son réseau local. Le système est déjà mis en pratique pour les appels longue distance au tarif moyen de 10,2 centimes par minute _ un montant jugé trop élevé pour l'accès Internet. Mais France Télécom grimace. Cela le priverait de recettes puisqu'au lieu de percevoir le prix d'une communication locale diminué de 4 à 6 centimes par minute lorsqu'un internaute va sur le Net, il percevrait moins de 10 centimes par minute ! Mais ses concurrents ont le sourire et d'autres s'engouffrent dans la brèche. Uunet, annonce la sortie d'un service destiné aux ISP et aux sites portails désirant faire de l'Internet gratuit. Doté d'un système de facturation, le service laisse l'ISP libre de choisir la façon dont il veut se rémunérer sur ses abonnés Internet qu'il s'agisse d'un forfait d'heure ou d'une part à recevoir sur les communications locales. Une méthode que veut encourager l'ART en laissant émerger des numéros nationaux de type 086x, qui permettent à tout ISP ou opérateur de facturer ce qu'il veut les services d'accès Internet.

L'enjeu est bien pour l'ART de faire baisser les prix des communications pour favoriser l'essor d'Internet. L'abonnement gratuit ne semble pas avoir eu l'effet escompté - la conquête de nouveaux abonnés-. Ainsi sur les 50 000 abonnés du pionnier de l'Internet gratuit World Online, 90% étaient déjà des internautes avertis.

Céline ASTRUC

Retour sommaire