Actualité / Le Net

Vendredi 11 juin 1999

Club-Internet se saisit du forfait

20 heures/100francs

 

Le ministère de l'Economie vient à peine d'accepter l'homologation du forfait 20 heures/100 francs initié par France Télécom et remanié par l'Autorité de régulation des télécommunications (ART) que Club-Internet annonce le lancement d'une opération-est dans ce sens. Le fournisseur d'accès, rattaché à Grolier Interactive (filiale multimédia du groupe Lagardère), propose à ses abonnés dès le 1er juillet un "forfait transparence" à 177 francs par mois (77 francs d'abonnement plus un forfait de 20 heures facturé 100 francs). Il s'agit d'un test auprès de 5.000 abonnés de Club- Internet qui devrait durer pendant la période estivale (1er juillet-septembre). Cette opération été montée en collaboration avec l'opérateur de télécommunication Kertel, propriété du groupe Pinault-Printemps-Redoute.

Dès septembre, Club-Internet devrait être en mesure de proposer une nouvelle politique de tarification, pour tous ses clients cette fois, qui devrait s'étendre à la formule "abonnement + connexions Internet" aux accès sans abonnement. "Il s'agit pour Club-Internet de répondre aux deux types d'internautes, ceux qui préfèrent la sécurité et ceux qui ne veulent pas être enchaînés à une offre", indique-t-on chez le fournisseur d'accès. Pour l'accès sans abonnement, Club-Internet va se rénumérer sur un prix un peu plus élevé des communications locales mais il devrait être largement inférieur à celui pratiqué par France Explorer par exemple. Une campagne de publicité en ligne devrait démarrer d'ici peu pour valoriser le positionnement "qualitatif" de Club-Internet.

Le fournisseur d'accès a également annoncé l'ouverture d'une boutique en ligne multimédia mi-juillet. Elle comportera 2.500 produits. Une remise de 20% sera réservée aux 275.000 abonnés du Club-Internet.

 



Les Echos n° 17.918 du Vendredi 11 et samedi 12 juin 1999, p. 22

COMMUNICATION



MULTIMÉDIA

Agacée par la floraison des offres gratuites, la filiale de Lagardère martèle que « l'Internet
a un prix ». Club Internet s'apprête en revanche à défier France Télécom en proposant
un forfait permettant de diviser par trois la facture téléphonique de ses abonnés.

Club Internet part en guerre contre l'Internet gratuit

Internet a un prix », martèle depuis des semaines Fabrice Sergent, pour qui l'Internet « dit gratuit » est surtout « une initiative marketing » doublée « d'un abus de langage » : « Ces offres ne sont en fait valables que douze mois, et en plus le vrai problème ­ celui du prix de la consommation téléphonique, qui représente 70 % de la facture Internet totale ­ reste entier pour le consommateur », assène le patron de Club Internet. Agacé par la « vraie-fausse promesse des nouveaux entrants » (Liberty Surf, World Online, Lokace Online...), le fournisseur d'accès contrôlé par Grolier Interactive (Lagardère) a donc décidé de lancer une véritable contre-attaque sur le terrain « légitime » de la facture téléphonique.

Le tout récent arbitrage rendu par l'Autorité de régulation des télécommunications (ART) sur le « forfait Internet » imbattable envisagé par France Télécom ­ 100 francs pour 20 heures de communication téléphonique dédiées à Internet ­ (« Les Echos » du 1er juin) lui en a fourni l'occasion. En substance, le gendarme des télécoms a autorisé les opérateurs de téléphone concurrents de France Télécom à proposer, eux aussi, aux fournisseurs d'accès Internet ce forfait à prix cassé qui réduit la communication à 5 francs par heure, contre 12 à 17 francs actuellement (en fonction des créneaux horaires). Club Internet a donc décidé de s'engouffrer dans la brèche sans attendre : 5.000 de ses abonnés en région parisienne vont pouvoir « tester », à partir du 1er juillet, un forfait « téléphone-Internet » à 177 francs par mois baptisé « Transparence » : il inclura l'abonnement normal à 77 francs et ce fameux forfait à 100 francs les 20 heures de connexion Internet.

Associé à Kertel

Club Internet, qui a acheté ces précieuses heures de communication à prix réduit à l'opérateur alternatif Kertel (filiale de Pinault-Printemps-Redoute), promet ainsi « de diviser par trois » la facture téléphonique de ses abonnés. Cette formule est a priori plus avantageuse pour l'utilisateur que 20 heures d'Internet gratuit au prix du téléphone normal, qui reviendraient entre 240 et 340 francs par mois. Selon Fabrice Sergent, il s'agit « de favoriser le développement de l'utilisation d'Internet en France » (10 heures par mois en moyenne), pour se rapprocher du modèle américain (30 heures par mois) où l'abonné paye un forfait de communication locale à 20 dollars, sans se soucier de la durée de connexion.

Ce « test » est destiné à être généralisé aux quelque 280.000 abonnés de Club Internet, « si les conditions le permettent ». En clair, si France Télécom, qui est lui-même opérateur du service Wanadoo (550.000 abonnés), se décide à son tour à lancer ce forfait, en faisant chuter au passage le prix de la minute de communication locale pour tous les opérateurs. Fabrice Sergent reconnaît en effet qu'au tarif actuel, l'opération menée avec Kertel sur 5.000 abonnés représente « un investissement de plusieurs millions de francs » sans marge. En attendant, le service de Lagardère promet déjà pour la rentrée « une gamme complète de solutions tarifaires » allant du forfait « abonnement + téléphone Internet », à l'accès libre sans abonnement et payable à la consommation.

Pour Fabrice Sergent, « la baisse du prix des communications Internet est aujourd'hui le meilleur moyen de faire décoller le marché français » (1,2 million d'utilisateurs payants selon l'Association des fournisseurs d'accès). « L'Internet gratuit n'est pas un modèle économiquement viable », assure-t-il : « Pour l'heure, c'est un échec, seuls 150.000 comptes ont été ouverts. » En attendant, Fabrice Sergent a décidé de ne pas faire de cadeau aux promoteurs du gratuit : Club Internet vient d'assigner en justice Liberty Surf (Darty) pour « plagiat » de sa hot line d'assistance aux abonnés...


JEAN-CHRISTOPHE FÉRAUD