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2 millions de Britanniques avec accès internet gratuit : des effets de la formule " NTS "

En 1996 l’OFTEL définissait la formule NTS (Number Translation Services) par laquelle l’opérateur de terminaison se verrait reversé une partie des recettes pour les appels de type numéros azur ou indigo (appels à coût partagé). Il s’agissait d’arbitrer dans un litige qui était apparu en 1995 suite à l’inclusion des services à numéro non géographique, au catalogue d’interconnexion de BT. En effet il n’y avait pas eu d’accord entre les opérateurs interconnectés et BT sur une rémunération pour le trafic et les recettes, en quelque sorte " générés " par les opérateurs de terminaison exploitant ces services et interconnectés à BT.

Progressivement le développement des accès internet de type numéro azur a multiplié les contestations de la formule de reversement mais l’OFTEL n’a pu trouver de solution de rechange qui ait l’accord des acteurs concernés. La formule NTS s’en est trouvée de fait confortée et Dixon, associé à l’opérateur Energis, lança en septembre dernier l’accès internet gratuit : le client ne paie que l’appel local, sans rien verser à son fournisseur d’accès. L’offre draina 1,3 million de clients sur les 4 derniers mois de 1998. Puis ce furent EasyNet, X Stream, VirginNet et BT qui se rallièrent; résultat en mars 1999 : 1,3 million d’internautes pour Dixon et 200 000 pour chacun des 4 autres. En quelques semaines une nouvelle économie de l’internet s’était créée au RU.

La formule NTS a bien quelque chose de miraculeux pour le fournisseur d’accès et son opérateur de terminaison : pour chaque mn de connexion, ils se partagent un peu plus de 20 centimes qu’ils touchent de BT en heure chargée et un peu moins de 5 centimes en heure creuse. Et cela, même si l’opérateur de terminaison n’a qu’un seul point d’interconnexion sur tout le RU car BT ne conserve dans tous les cas que l’interconnexion simple transit (un peu moins de 10 centimes).

On imagine le dépit de BT qui venait de lancer en septembre 1998 son service d’accès " Click + " à 10 centimes la mn (en plus du tarif normal de l’appel local) et qui a été obligé de s’aligner très vite en proposant " BT Click Free ". Par ailleurs on peut dire que, BT, opérateur local, subventionne en quelque sorte le développement de ses concurrents, opérateurs et fournisseurs d’accès, surtout aux heures chargées avec le reversement des 20 centimes. D’autant plus que le succès a déclenché une augmentation très forte du trafic qui oblige BT à déployer des capacités de réseau supplémentaires, bien sûr non compensés car non prévus par la formule NTS.

Comment en est-on arrivé là ? En fait l’idée initiale de 1996 était de rémunérer l’opérateur de terminaison quant à la génération de trafic frais pour les numéros à coût partagé. Le présupposé était que l’opérateur local, c’est à dire BT la plupart du temps, voyait tomber des recettes dans son escarcelle sans déployer aucun moyen sur les plans commercial et technique. On raisonnait dans le cadre des numéros azur et indigo pour des services vocaux de relations clientèle souvent liés à des actions promotionnelles de courte durée. En plus la portabilité s’appliquait à ces numéros et BT avait pensé que l’enjeu était limité car il pourrait sans grande difficulté récupérer les entreprises souscrivant à ces numéros grâce à sa meilleure qualité de service…

Du coup BT proteste et l’OFTEL est bien embêtée (mais assez satisfaite d’avoir dopé internet au RU). Elle vient de lancer une consultation sur le sujet en indiquant à l’avance ses décisions : on ne touchera à rien jusqu’en 2001, date du réexamen du dispositif de contrôle des prix BT, car la formule a été une " formidable incitation au développement de services innovants " ?!? Mais on reconnaît que la rémunération pour l’opérateur local devra être basée sur l’implantation réelle des points d’interconnexion de l’opérateur de terminaison et on défend la flexibilité pour le fournisseur d’accès à qui il reviendra de fixer le prix payé par l’appelant (cf. services kiosque).

Sources : documentation OFTEL

François Poret - (BD/ARIA)
29/04/1999
Tél : 01 44 44 12 82