Le SATELLITE , acteur méconnu de la boucle locale

par Jean-Michel DUNIAU

Directeur à France Câbles et Radio

 

 

 

Cette présentation de la place des satellites dans les réseaux de distribution est articulée sur un bref panorama de différents systèmes et programmes en place et en cours de réalisation, suivi d’une analyse des marchés pertinents correspondants, dans le cadre de la nouvelle société de l’information.

 

 

 

1 - L’importance des réseaux de distribution, des techniques qui assurent le dernier kilomètre des télécommunications, jusqu’à l’utilisateur final est de plus en plus reconnue, comme en témoigne cette conférence.

Importance pour le service rendu, importance pour son coût par rapport au coût télécom total, importance pour l’établissement d’une réelle concurrence sur ce secteur.

De nombreuses solutions, tant terrestres qu’hertziennes, sont largement développées durant ces deux journées.

Je souhaite compléter ce panorama par une brève présentation d’une technologie assez peu connue sur ce thème : le satellite.

Non pas le satellite connu par tous, le satellite historique, qui a permis d’établir des liaisons intercontinentales, internationales, ou bien de pallier l’absence de réseaux terrestres dans les pays en voie de développement. Mais ce que j’appellerai le satellite " grand public ", caractérisé par l’utilisation d’antennes de très petite taille, de faible coût, installables directement par l’utilisateur.

 

 

2 - La première catégorie de satellite utilisés pour ces usages correspondent à l’utilisation de points hauts pour les systèmes hertziens, de points hauts fixes : ce sont les satellites géostationnaires, situés à 36 000 Km d’altitude.

Les premiers d’entre eux sont en place et sont largement utilisés pour des usages mass média de diffusion de télévision, radio, ou de données.

De nouvelles utilisations de ces satellites apparaissent cette année, combinant la diffusion rapide par le satellite de gros fichiers et la transmission par le réseau terrestre à bande étroite des requêtes et petits fichiers internet.

Vont apparaître dans peu d’années maintenant vers l’an 2000, de nouvelles technologies satellitaires, combinant l’utilisation d’une nouvelle bande de fréquence (la bande KA vers 30 GHz), d’antennes multifaisceaux, de transmission numériques, et de traitement à bord (ATM embarqué).

Ces systèmes permettront l’établissement de boucles locales bilatérales tant à bande étroite qu’à bande large.

 

 

3 - Une deuxième catégorie de satellites va très prochainement apparaître : il s’agit des constellations de satellites à défilement, en orbite basse.

Ces constellations utilisent suffisamment de satellites afin qu’en permanence l’un d’entre eux puisse assurer ce rôle de relais local entre l’utilisateur et un point de connexion aux réseaux terrestres.

Il est facile d’imaginer le fonctionnement de ces systèmes en songeant aux systèmes hertziens cellulaires terrestres utilisés pour la téléphonie, mobile.

Ici, à l’inverse, l’utilisateur est fixe (quasi fixe) et le relais est mobile.

Ces constellations de satellites sont développées pour des usages téléphoniques en bande étroite, ou pour des usages internet en bande large.

Elles sont développées pour assurer uniquement la boucle locale, ou bien pour assurer à la fois la boucle locale et la longue distance, en utilisant des liaisons directes entre les satellites.

 

 

4 - Les différentes technologies pour réaliser la boucle locale sont en concurrence bien sûr, et doivent chacunes trouver leur part de marché pertinente.

Le panorama technique ci avant doit être complété par une analyse de positionnement marketing de ces solutions satellitaires.

La Nouvelle Société de l’Information, en cours de mise en place, est caractérisée à la fois par la mondialisation des marchés et leur fragmentation en une multitudes de micro-niches.

Les technologies satellitaires permettent typiquement d’adresser efficacement, économiquement des cibles représentant des taux de pénétration très faible de 1%0 à 1% vers des utilisateurs diffus sur de très larges zones géographiques.

Ces technologies requièrent, comme les technologies hertziennes, un investissement initial a priori de l’opérateur plus faible que les technologies terrestres, car l’utilisateur finance lui même, au fur et à mesure, la plus grande part de l’infrastructure.

Les coûts de service enfin, pour l’utilisateur final, sont maintenant adaptés à des usages grand public (coûts d’infrastructures, hors tout contenu). Les coûts typiques d’accès vont de 1000 F à 1000 $ (coût de la station). Les coûts d’usages vont de services diffusés gratuits, à des services internet forfaitaires d’environ 100 F par mois et à des services de téléphonie mobile universels (terre entière, dont campagne française) de 5 à 10 F/mn.

Les satellites " grand public " présentés trouveront donc très certainement une part de marché pertinente substantielle dans la Nouvelle Société de l’Information qui se met en place.

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