navd.gif (2382 octets)                Euroforum le 27 novembre 1996

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    Utilisation des satellites

    pour construire les infrastructures de la

    nouvelle société de la communication

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    La nouvelle société de la communication, préfigurée par le développement de l’Internet, est caractérisée par l’ajout de nouveaux modes de communication électronique, originaux par rapport aux télécoms et à l’audiovisuel. Ces nouvelles communications correspondent à des marchés fragmentés et diffus, organisées selon des modèles très décentralisés.

    Les nouvelles technologies satellitaires sont devenues accessibles au grand public depuis les années 1990. Elles permettent d’atteindre des publics diffus selon des modèles économiques commandés par les marché.

    Le satellite semble en conséquence appelé à compléter harmonieusement l’infrastructure télécom en place pour permettre l’avènement rapide et économique de la nouvelle société de la communication.


    A - Nouvelle société de la communication

     

  • La rareté et le coût élevé des technologiques disponibles ont historiquement conduits à la construction de systèmes centralisés, dans lesquels l’intelligence est concentrée dans le réseau alors que le terminal est rustique et sans puissance. Ces réseaux, pour des raisons technologiques également, ont été conçus pour le temps réel, pour des communications synchrones.
    Ceci a conduit à la constitution de " planètes " télécom, inter-opérables, établissant des communications personnelles point à point (à l’exemple du courrier postal), synchrones, tarifées à la minute d’utilisation. (utilisation de 8’ par jour de sa ligne en France)
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    Ceci a conduit à la constitution, en parallèle, de "planètes " audiovisuelles assurant des services diffusés temps réel mass média, financées de manière assez indirectes (redevances, audimat et pub..), assez largement utilisées (3h par jour par foyer).
    Ces systèmes, tant télécom qu’audiovisuels, ont été constitués sur des bases nationales, dans le cadre de monopoles d’état, et dans le cadre de normes internationales.

    Les évolutions technologiques, principalement des micro-ordinateurs et de leurs logiciels, permettent d’envisager de nouveaux modes de communication caractérisés par leur décentralisation (intelligence dans le terminal), par leur puissance, et par un développement par le marché, à l’échelle mondiale.

    Ces modes de communication vont s’ajouter aux précédents pour constituer la nouvelle société de la communication. Ils permettent des applications nouvelles  : la communication de groupe, la disposition d’une base informationnelle mondiale (le web), etc....


  • B - Nouveaux marchés

     

  • Ces nouveaux modes de communication conduisent à des coûts très faibles, essentiellement justifiés par l’asynchronisme des communications (on attend son tour), le partage et la mutualisation des ressources chères (les liaisons spécialisées entre routeurs), la simplification des transactions commerciales (forfaits) .

    Bien que technologiquement conçus sur une base mondiale ils vont en fait permettre des fractionnements à l’infini des marchés actuels (marketing one to one). Ils vont faire apparaître non pas un village global de quelques milliards de personnes, mais une multitude de villages virtuels, dans lesquels la contrainte géographique n’existe plus, et qui permettront des regroupements selon tous types d’affinité et de centre d’intérêt : Internet ne fait que suivre l’éclosion de la presse magazine spécialisée !

    Construire des villages virtuels ne nécessitera pas de " droits d’entrée " coûteux : ils seront donc volatils, et peu déterminables, comme peuvent l’être des associations loi 1901, ou des clubs anglo-saxons. Le réseau ne déterminera plus les communautés. Ces villages pourront regrouper des intérêts culturels, des communautés linguistiques, des intérêts économiques, etc......

    Leur développement restera cependant conditionné par celui de la micro-informatique grand public.

    1995 a déjà vu la production de micro-ordinateurs dépasser celles des téléviseurs et celle des automobiles.... (La puissance et l’interactivité de ces machines en font, avec les CD-ROM, des outils de choix pour l’éducation et le jeu au sein des foyers......)

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    C - Les satellites

  • Les satellites ont joué dans les années 70, et jouent encore un certain rôle, pour l’établissement de liaisons intercontinentales ou longue distance, à l’aide de quelques grandes stations terriennes.

    Les technologies satellitaires se sont démocratisées durant les années 90 avec la mise en place des systèmes de télévision directe : une antenne coûte 1000 F. , s’achète au supermarché, et s’installe sans grande difficulté.

    Elles investissent également les nouveaux modes de communication numériques multimédia : programmes Direc TV et Direc PC de Hughes, bouquet Canal + et diffusion de données C :, etc....

    Le marché accessible par le satellite peut être sans inconvénient très dispersé, très dilué, sur une très large zone de service. Un " taux de pénétration " de 1%0 n’est pas pénalisant. La prévisibilité de localisation des utilisateurs n ‘est pas nécessaire.(villes, banlieues, campagnes, campus,.....).

    Le coût d’usage est identique pour tous.

    Les aspects économiques pour la mise en place d’infrastructures satellitaires sont originaux. Le coût principal est celui des antennes de réception.

    Il est supporté directement par l’utilisateur, donc progressivement en fonction du développement du marché. L’investissement initial supporté par un opérateur est par contre relativement limité. (Ex. d’Astra : un satellite lancé coûte 1 milliard de francs, alors que 10 millions d’antennes à 2000 F. ont coûté aux utilisateurs 20 milliards de francs ! ).

     

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    D - Comment construire les infrastructures de la nouvelle société de communication

  • Le développement actuel de l’Internet se fait tout naturellement en utilisant une infrastructure de transmission mondiale déjà en place : celle construite pour assurer le service téléphonique ! (infrastructure de raccordement capillaire local pour rejoindre un point d’accès à l’Internet, infrastructure de lignes louées entre serveurs). Ceci constitue une solution économique et rapide puisqu’aucun investissement réseau n’est nécessaire.

    Cette solution limite cependant fortement les débits possibles, ce qui est assez peu compatible avec la puissance des nouveaux terminaux.

    L’appel aux satellites de diffusions numériques pour assurer des liaisons haut débits depuis des centres serveurs vers les terminaux isolés apparaît très intéressante. Et c’est pourquoi des programmes et offres de service se mettent en place.

    (couplages Direc TV + Direc PC + turbo Internet de Hughes avec les offres téléphoniques et Internet d’ATT).

    Il faut noter la similitude de " fonctionnement " des marchés Internet et satellite : l’essentiel du coût est situé dans le terminal (PC, antenne), et non dans le réseau. La décision d’investissement relève de l’utilisateur et non d’un opérateur. Les effets d’échelle sont au niveau des équipementiers, sur une base mondiale, et non sur la concentration locale sur un marché. Des cibles de clientèles très dispersées, des taux de pénétration très faibles peuvent être adressées économiquement.

    Ce mode de construction de la société de communication est à comparer, sinon à opposer, à celui dit des " autoroutes ". Celui-ci consiste à mettre en place une nouvelle infrastructure capillaire de raccordement terminal en fibre optique permettant d’assurer tout à la fois l’ensemble des modes de communication à distance : téléphone, audiovisuel et Internet. Cette panacée technique nécessite a contrario : une organisation centralisée, des investissements initiaux élevés par des opérateurs, un taux de pénétration et de raccordement importants. Elles peuvent corresponde à " l’écrémage " de certaines niches de marché, de zones urbaines particulières, de campus, etc......

    Il faut ici noter l’alternative technique qui sera apportée par de nouveaux systèmes satellitaires vers les années 2000. Les programmes Spaceway ou Teledesic visent permettre des services interactifs à large bande directement chez l’utilisateur, pour un coût acceptable par le grand public (antenne de 1000$, coût usage de 20$ par mois), et selon les modèles économiques adaptés déjà vus. (fibre optique du ciel)

    On peut en conclusion envisager en parallèle deux modes de construction des infrastructures de la nouvelle société de communication.

    Le premier, très pragmatique, utilise l’infrastructure téléphonique en place pour assurer l’interactivité, et met en place des systèmes satellitaires pour compléter le service. Ceci demande peu d’investissement a priori, et permet d’adresser un marché naissant, immature, diffus, fragmenté.

    Le second très volontariste, utilise une solution technique " universelle ", nécessitant de forts investissements a priori, qui seront réalisés par plaques géographiques successives.

    Les incertitudes concernant la taille et la typologie du marché final, et concernant sa vitesse de mise en place, donnent une forte attractivité aux solutions satellitaires.