Le satellite doit permettre d'accéder à
Internet dans de bonnes conditions depuis des endroits
isolés. La technologie
associe le bon vieux téléphone, pour la voie
montante, et le satellite pour la voie descendante.
PASCAL BERTIN
A défaut d'être la solution d'accès
à Internet la plus économique à
l'achat, le satellite apparaît comme la plus
performante. En reproduisant le principe de diffusion
hertzienne de la télévision, les
opérateurs de services par satellite promettent des
débits variant entre 512 Kbit/s et 2 Mbit/s en
réception. Des chiffres inespérés
dans des zones qui ne connaîtront jamais
l'arrivée du câble ou de l'ADSL.
Par nature conçu pour la diffusion, le satellite
répond parfaitement au besoin
d'accélération des débits sur Internet.
Tout le problème du réseau, c'est que la
lenteur des échanges n'apparaît pas lorsque
l'utilisateur émet une demande, mais lorsqu'un
serveur lui retourne des informations.
L'interactivité entre l'utilisateur et les
applications sur lesquelles il va naviguer impose donc une
communication bidirectionnelle. C'est pourquoi les
opérateurs de liaisons par satellite devaient
impérativement reproduire un modèle à
deux voies.
La première solution consiste à associer
téléphone et satellite. Une voie dite
montante exploite une connexion classique par liaison
téléphonique (RTC ou Numéris), qui
permet de transmettre ses demandes en direction d'Internet.
Le fournisseur de services se charge ensuite d'aller
chercher sur Internet les pages demandées et les
envoie à son centre d'opérations. Ce dernier
les transmet au satellite. Celui-ci les diffuse sur la zone
de réception dans laquelle se trouve l'utilisateur,
par le biais d'une liaison dite descendante. Cette solution
limite les frais d'installation. L'internaute n'a besoin que
d'une antenne parabolique de réception. Un
décodeur doit simplement être associé
à son PC pour le relier à l'antenne. De plus,
dans le cas d'Easynet, qui utilise le satellite Astra, une
parabole installée pour CanalSatellite peut
être utilisée pour la réception
d'Internet.
Nouvelles offres pour les entreprises
Pour les entreprises, de nouvelles offres exploitent
des liens bidirectionnels. L'investissement apparaît
plus important, puisque l'antenne doit être de nature
émettrice-réceptrice. Cette solution
permet de relier des sites distants d'une entreprise via des
émetteurs-récepteurs répartis et
communiquant via un satellite. Ce mode de communication
pourra être doublé de liaisons distantes
classiques de type X.25 ou RNIS pour parer à toute
défaillance. L'utilisation de la technique de
diffusion numérique DVB (Digital Video Broadcasting)
donne la possibilité aux entreprises d'exploiter le
satellite pour mettre en place des applications de diffusion
de contenu multimédia ou de transfert de
fichiers.
En terme de diffusion, les satellites envoient leurs
informations sur une large zone de couverture, dans laquelle
pourront se trouver plusieurs utilisateurs. Si tous
reçoivent le même flux d'informations, commun
à l'ensemble de la zone, leurs décodeurs se
chargeront du tri afin que ne parviennent sur leurs
ordinateurs que les informations qui leur sont
destinées. A ce système de reconnaissance par
le décodeur s'ajoutent des techniques de chiffrement
des informations transmises par le satellite, pour
éviter leur lecture en cas d'interception. Mais la
voie de diffusion étant partagée entre
différents utilisateurs, les débits
théoriques annoncés par les fournisseurs de
services pourront être revus à la baisse en
fonction du nombre de connexions simultanées.
Seule ombre au tableau, la position dite
géostationnaire qui permit aux premiers
satellites de tourner à la même vitesse que la
Terre, afin de couvrir la même zone en permanence,
impose de les placer à environ 36.000 km au-dessus de
l'équateur. Cette distance fait naître un
temps de latence de l'ordre de la demi-seconde, qui
correspond à environ 10 fois le temps de latence sur
un lien distant en fibre optique. Si ce temps n'affecte pas
l'utilisation d'une application de messagerie
électronique ou de mise à jour d'une base de
données, il se révèle pénalisant
pour des applications multimédias ou de voix sur IP.
L'un des remèdes consiste à augmenter les
mémoires de stockage des paquets émis.
Le second moyen pour réduire le temps de latence est
apparemment tout simple. Il suffit de réduire la
distance entre le satellite et la Terre. C'est la raison
pour laquelle les nouveaux projets font appel aux
satellites en orbite basse (de 200 à 400 km de la
Terre). Autre avantage de cette approche, elle
nécessite des émetteurs moins puissants, donc
moins coûteux. En contrepartie, le satellite ne suit
plus la zone qu'il couvre. Ce choix oblige donc à
augmenter le nombre de satellites afin qu'une zone soit
couverte en permanence. Ce principe a été
retenu pour le projet Skybridge (Alcatel, Alstom,
Aerospatiale ), et par Motorola pour son projet
Celestri, ainsi que par l'alliance Bill Gates-Boeing-Craig
McCaw pour Teledesic.
Entre les satellites à orbite géostationnaire
(36.000 kilomètres d'altitude) et ceux placés
en orbite basse, les satellites en orbite moyenne
(situés de 8.000 à 20.000 km de la Terre)
offrent un bon compromis. Une altitude qui nécessite
moins de satellites que l'option en orbite basse, pour un
temps de latence d'environ 250 millisecondes. Ils
apparaissent en appoint d'offres géostationnaires,
comme dans le projet Spaceway de Hugues
Electronics.
Exploiter les bandes de fréquence
Enfin, il reste à mieux exploiter les bandes de
fréquence. A la bande C, utilisée
historiquement par les satellites américains, les
européens ont préféré la bande
KU, actuellement utilisée pour la
télévision et les
télécommunications. Mais, avec
l'arrivée des nouveaux services Internet, la bataille
devrait se dérouler sur le terrain de la bande
KA. Celle-ci semble bénéficier de tous les
avantages : besoin d'antennes plus modestes (65 cm en
émission comme en réception), meilleur ciblage
des zones de couverture, et surtout une meilleure
interactivité. Le débit est en effet de 1,2
gigabit/s. Un débit théorique, puisqu'il faut
le partager entre les utilisateurs. Eutelsat prévoit
d'exploiter cette fréquence fin 2001, au moment
où l'on attend la démocratisation du
matériel pour le grand public.