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Les Echos n° 18.009 du Mercredi 20 octobre 1999, p. 70

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SUPPLÉMENT INDUSTRIE



TECHNOLOGIE

L'accès à Internet à haut débit
depuis le ciel

Le satellite doit permettre d'accéder à Internet dans de bonnes conditions depuis des endroits isolés. La technologie
associe le bon vieux téléphone, pour la voie montante, et le satellite pour la voie descendante.

PASCAL BERTIN

A défaut d'être la solution d'accès à Internet la plus économique à l'achat, le satellite apparaît comme la plus performante. En reproduisant le principe de diffusion hertzienne de la télévision, les opérateurs de services par satellite promettent des débits variant entre 512 Kbit/s et 2 Mbit/s en réception. Des chiffres inespérés dans des zones qui ne connaîtront jamais l'arrivée du câble ou de l'ADSL.

Par nature conçu pour la diffusion, le satellite répond parfaitement au besoin d'accélération des débits sur Internet. Tout le problème du réseau, c'est que la lenteur des échanges n'apparaît pas lorsque l'utilisateur émet une demande, mais lorsqu'un serveur lui retourne des informations. L'interactivité entre l'utilisateur et les applications sur lesquelles il va naviguer impose donc une communication bidirectionnelle. C'est pourquoi les opérateurs de liaisons par satellite devaient impérativement reproduire un modèle à deux voies.

La première solution consiste à associer téléphone et satellite. Une voie dite montante exploite une connexion classique par liaison téléphonique (RTC ou Numéris), qui permet de transmettre ses demandes en direction d'Internet. Le fournisseur de services se charge ensuite d'aller chercher sur Internet les pages demandées et les envoie à son centre d'opérations. Ce dernier les transmet au satellite. Celui-ci les diffuse sur la zone de réception dans laquelle se trouve l'utilisateur, par le biais d'une liaison dite descendante. Cette solution limite les frais d'installation. L'internaute n'a besoin que d'une antenne parabolique de réception. Un décodeur doit simplement être associé à son PC pour le relier à l'antenne. De plus, dans le cas d'Easynet, qui utilise le satellite Astra, une parabole installée pour CanalSatellite peut être utilisée pour la réception d'Internet.

Nouvelles offres pour les entreprises

Pour les entreprises, de nouvelles offres exploitent des liens bidirectionnels. L'investissement apparaît plus important, puisque l'antenne doit être de nature émettrice-réceptrice. Cette solution permet de relier des sites distants d'une entreprise via des émetteurs-récepteurs répartis et communiquant via un satellite. Ce mode de communication pourra être doublé de liaisons distantes classiques de type X.25 ou RNIS pour parer à toute défaillance. L'utilisation de la technique de diffusion numérique DVB (Digital Video Broadcasting) donne la possibilité aux entreprises d'exploiter le satellite pour mettre en place des applications de diffusion de contenu multimédia ou de transfert de fichiers.

En terme de diffusion, les satellites envoient leurs informations sur une large zone de couverture, dans laquelle pourront se trouver plusieurs utilisateurs. Si tous reçoivent le même flux d'informations, commun à l'ensemble de la zone, leurs décodeurs se chargeront du tri afin que ne parviennent sur leurs ordinateurs que les informations qui leur sont destinées. A ce système de reconnaissance par le décodeur s'ajoutent des techniques de chiffrement des informations transmises par le satellite, pour éviter leur lecture en cas d'interception. Mais la voie de diffusion étant partagée entre différents utilisateurs, les débits théoriques annoncés par les fournisseurs de services pourront être revus à la baisse en fonction du nombre de connexions simultanées.

Seule ombre au tableau, la position dite géostationnaire qui permit aux premiers satellites de tourner à la même vitesse que la Terre, afin de couvrir la même zone en permanence, impose de les placer à environ 36.000 km au-dessus de l'équateur. Cette distance fait naître un temps de latence de l'ordre de la demi-seconde, qui correspond à environ 10 fois le temps de latence sur un lien distant en fibre optique. Si ce temps n'affecte pas l'utilisation d'une application de messagerie électronique ou de mise à jour d'une base de données, il se révèle pénalisant pour des applications multimédias ou de voix sur IP. L'un des remèdes consiste à augmenter les mémoires de stockage des paquets émis.

Le second moyen pour réduire le temps de latence est apparemment tout simple. Il suffit de réduire la distance entre le satellite et la Terre. C'est la raison pour laquelle les nouveaux projets font appel aux satellites en orbite basse (de 200 à 400 km de la Terre). Autre avantage de cette approche, elle nécessite des émetteurs moins puissants, donc moins coûteux. En contrepartie, le satellite ne suit plus la zone qu'il couvre. Ce choix oblige donc à augmenter le nombre de satellites afin qu'une zone soit couverte en permanence. Ce principe a été retenu pour le projet Skybridge (Alcatel, Alstom, Aerospatiale…), et par Motorola pour son projet Celestri, ainsi que par l'alliance Bill Gates-Boeing-Craig McCaw pour Teledesic.

Entre les satellites à orbite géostationnaire (36.000 kilomètres d'altitude) et ceux placés en orbite basse, les satellites en orbite moyenne (situés de 8.000 à 20.000 km de la Terre) offrent un bon compromis. Une altitude qui nécessite moins de satellites que l'option en orbite basse, pour un temps de latence d'environ 250 millisecondes. Ils apparaissent en appoint d'offres géostationnaires, comme dans le projet Spaceway de Hugues Electronics.

Exploiter les bandes de fréquence

Enfin, il reste à mieux exploiter les bandes de fréquence. A la bande C, utilisée historiquement par les satellites américains, les européens ont préféré la bande KU, actuellement utilisée pour la télévision et les télécommunications. Mais, avec l'arrivée des nouveaux services Internet, la bataille devrait se dérouler sur le terrain de la bande KA. Celle-ci semble bénéficier de tous les avantages : besoin d'antennes plus modestes (65 cm en émission comme en réception), meilleur ciblage des zones de couverture, et surtout une meilleure interactivité. Le débit est en effet de 1,2 gigabit/s. Un débit théorique, puisqu'il faut le partager entre les utilisateurs. Eutelsat prévoit d'exploiter cette fréquence fin 2001, au moment où l'on attend la démocratisation du matériel pour le grand public.





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