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Space News InNet numero 262                      dimanche 19 septembre 1999


LA DECEPTION IRIDIUM
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FACE AU CELLULAIRE, ON S'INTERROGE SUR L'AVENIR DES CONSTELLATIONS

Nous avons vecu, mois apres mois, les difficultes rencontrees par  Iridium,
la premiere constellation de satellites de communication. Ce furent d'abord
des rumeurs d'ordre technique: des usagers se plaignaient de coupures,  des
satellites  etaient  portes  defaillants.  De  mauvais  esprits  vinrent  a
affirmer que le nom d'Iridium avait ete conserve  pour  un  systeme  de  66
satellites - alors que l'iridium occupe la 77e place  dans  le  tableau  de
classification des elements - parce que  l'on  avait  a  l'avance  pris  en
compte 11 satellites en panne.

Le son de cloche economique fut particulierement alarmant, avec  un  nombre
d'abonnes tres inferieur aux previsions (300.000 etaient attendus avant  la
fin de 1999) : l'engouement tardait. On feignit de ne  pas  s'en  inquieter
outre mesure chez Motorola, premier  actionnaire  avec  18  %  du  capital,
jusqu'a ce que sonne l'heure de verite, a savoir des  chiffres  mauvais  au
point de faire entrevoir  une  faillite  dont  les  dirigeants  de  societe
Motorola ne voulurent d'abord pas entendre parler  jusqu'au  jour  ou  elle
leur apparut offrir la seule solution pour que se poursuive  l'exploitation
du systeme apres une baisse des tarifs superieure a 60 %.

Sans que les concurrents se rejouissent. L'un d'eux n'a  au  contraire  pas
hesite a declarer que si un systeme a fait fiasco avec les atouts  que  lui
assurait son avance, toutes les  autres  constellations  devaient  redouter
l'echec. Ainsi, le 29 juillet, ICO annoncait ne pas avoir trouve les  fonds
necessaires pour son augmentation de capital avant de devoir, deux semaines
apres Iridium, demander egalement la protection de la  loi  americaine  sur
les faillites.

Bien entendu,  une  attitude  est  d'analyser  les  raisons  de  l'insucces
d'Iridium tant pour permettre d'utiliser au mieux des satellites en  orbite
qu'il ne saurait etre question de faire  revenir  sur  la  Terre  que  pour
optimiser le service des prochaines constellations.

C'est d'abord la constatation qu'il n'existe guere  de  clientele  pour  un
telephone mondial: si vous vous proposez d'appeler une personne, il est  en
effet exceptionnel que vous n'ayez aucune idee de l'endroit de la Terre  ou
elle peut se trouver. Cela releve de ce  fait  de  la  depense  inutile  de
demander a une constellation qu'elle commence  par  interroger  la  planete
entiere. D'ou la double tendance de donner  aux  satellites  des  vocations
regionales et par ailleurs de rechercher  moins  la  clientele  des  hommes
d'affaires habitues de zones bien equipees  en  moyens  conventionnels  que
celle des professions ou un nomadisme est la regle.

Sans que le caractere global d'un  systeme  doive  etre  regarde  comme  un
defaut a priori, il le devient si les tarifs  sont  dissuasifs,  une  telle
consideration impliquant qu'on se livre a des comparaisons.  Or  il  semble
que, dans les discussions auxquelles les deboires d'Iridium ont donne lieu,
l'accent n'ait pas ete suffisamment mis sur le  developpement  explosif  du
telephone cellulaire avec un effondrement des prix  que  les  anticipateurs
les plus audacieux n'auraient pas ose envisager il  y  a  seulement  6  ans
alors qu'un equipement aux lourdes servitudes  revenait  a  quelque  10.000
francs. Depuis lors, les puces ont vu leurs performances plus que decupler,
le malheur ayant ete pour les constellations de voir le jour au moment  ou,
avec des liaisons hertziennes specifiquement terrestres,  le  portable  est
devenu un phenomene de societe. Ainsi faut-il d'abord s'interroger sur  son
avenir.

Or tout semble indiquer que nous avons  seulement  vecu  le  prologue  d'un
mouvement  promis  a  devenir  encore  plus  impressionnant  au  cours  des
prochaines  annees.  Votre  GMS  actuel  est  en  effet  inutilisable   aux
Etats-Unis ou  frequences  et  systemes  sont  differents.  Mais  des  l'an
prochain devraient apparaitre sur le marche des portables tri bande  promis
a un immense succes dans un contexte ou le  Japon  -  quelque  peu  sur  la
touche hier - entend prendre une grande revanche. Encore un  peu  de  temps
et, peut-etre des 2002, nous verrons ensuite s'imposer  la  technique  dite
Bluetooth: ce nom d'un heros scandinave annonce  une  revolution  dans  les
transmissions des l'instant ou, avec un radiomodem promis  a  devenir  plus
petit qu'une actuelle  prise  multibroche,  la  connexion  entre  tous  les
appareils portant un certain label  sera  possible  sans  aucun  fil,  sans
branchement, sans qu'une protection soit necessaire et sans evidemment  que
l'usager ait a savoir comment cela fonctionne. Avec  cette  technique  dont
nous aurons sans doute beaucoup d'occasions de  parler,  tout  pourra  etre
achemine par ondes sur de  tres  courtes  distances,  deux  formules  etant
etudiees pour des debits respectifs  de  1  et  10  megabits.  Le  portable
devrait largement y recourir et jouer le role d'un  transmetteur  d'images,
dont celles prises  par  un  appareil  photographique  numerique  avec  les
avantages d'une absence de connexion entre l'un et l'autre.

Bien entendu,  le  telephone  global  sera  lui-meme  un  beneficiaire  des
nouvelles techniques sans que l'on  puisse  toutefois  affirmer  qu'il  les
adoptera aussi facilement et aussi rapidement que le telephone  cellulaire.
On entrevoit de ce fait une fantastique course dans laquelle promettent  de
rester seules en piste les constellations qui auront su  trouver  les  bons
creneaux: c'est avec une attention toute particuliere que vont etre  suivis
au cours des prochains mois les peripeties d'Iridium et l'accueil reserve a
Globalstar, la constellation numero 2.

Albert Ducrocq, Air & Cosmos


LE FINANCEMENT DES SATCOMS DEVIENT DIFFICILE
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Les banques y regardent desormais a deux fois avant de financer un  systeme
de telecommunications par satellites. C'est ce qu'il ressort  du  troisieme
sommet mondial sur le financement  des  satellites  de  telecommunications,
organise par Euroconsult et la banque Salomon Smith Barney avec le  soutien
du ministere de l'Education nationale, de la Recherche et  la  Technologie,
d'Astra, de Hughes, d'Aerospace Corp. et de  Cecar  &  Jutheau.  En  effet,
elles viennent  d'etre  echaudees  par  les  problemes  d'Iridium  et  ICO.
Cependant, alors que le sauvetage d'ICO parait etre possible  grace  a  une
reorganisation, le scepticisme regne quant au redressement  d'Iridium  car,
comme le remarque John  Otto,  directeur  du  groupe  Global  Telecom  chez
Salomon Smith Barney, "le systeme n'etait pas competitif".

Les  trois  constellations  de  telephonie  mobile,  qui  avaient  recu  un
financement prive, etaient initialement estimees a 3,4 Md$ (3,2  MdE)  pour
Iridium,  1,9  Md$  pour  Globalstar  et  2,6  Md$  pour   ICO,   soit   un
investissement total de 7,9 Md$ qui devait etre rapidement  rentabilise  en
captant une  petite  partie  du  marche  mondial.  Or  les  investissements
grimperent rapidement a 4,7 Md$ pour Iridium, 4,6 Md$ pour ICO et  2,6  Md$
pour Globalstar, soit un total de  11,9  Md$,  sans  compter  l'arrivee  de
nouveaux projets comme Ellipso a 1,4 Md$.

Pour l'instant, seule la reussite de Globalstar pourrait redonner confiance
aux banquiers. Cette derniere constellation sera experimentee a  partir  de
septembre, mais le service commercial ne devrait commencer qu'en  decembre.
Il y aura alors 9 stations de connexion (puis 19 en avril 2000 et 38  a  la
fin 2000). Les terminaux seront vendus 1.000 $  et  la  communication  sera
facturee  1  $/min.  Le  demarrage  se  fera  surtout  dans  les  pays   en
developpement (Bresil, Inde, Chine, Russie, etc.). Pour David Castiel,  pdg
d'Ellipso, il faut  avoir  un  prix  comparable  au  telephone  cellulaire,
c'est-a-dire 8 a 9 cents/min (49 a 55 centimes fr). "Si vous ne pouvez  pas
avoir ce tarif ne venez pas sur le marche", a-t-il declare.

C'est dans ce  contexte  que  les  premiers  systemes  geostationnaires  de
telephonie mobile (GEM) vont faire leur apparition. Ces systemes  utilisent
les satellites les plus lourds jusqu'a 5,2 t)  et  sont  les  plus  couteux
(jusqu'a 755 M$). Il s'agit de Thuraya (Hughes), ACeS et  Agrani  (Lockheed
Martin), East (Matra Marconi Space), etc. Le systeme Agrani, qui  diffusera
sur l'Inde en 2002, a un des tarifs les plus bas avec le terminal a  18.000
RS (255,6 F) et la communication a 22 RS/min (3,12  F/min).  Par  ailleurs,
East pourrait bien avoir un concurrent a  partir  de  2002.  Il  s'agit  du
projet Cyprus GEM elabore par  Hughes  avec  la  Cyprus  Development  Bank,
TeleDanmark, Hellenic Telecoms, Alenia Aerospazio et Sumitomo Bank Limited.
Pour Hughes, il s'agirait de reutiliser le satellite qui avait ete fabrique
pour la Chine (APMT).

Selon  Stephane  Chenard,  president  adjoint  d'Euroconsult,  les  telecom
spatiales se portent bien. "1.767 repeteurs diffusaient  4.600  chaines  de
television en aout 1999, 95 satellites geostationnaires doivent etre lances
de  1999  a  2002,  l'economie  asiatique  redemarre  et  la  constellation
Teledesic revient au devant de la scene", analyse-t-il. "D'autant  que  les
actionnaires Microsoft, Craig McCaw, Motorola, Boeing et le prince saoudien
Alwaleed Bin Talal ont investi 1,5 Md$ (1,45 MdE) dans ce  projet  dont  la
maitrise d'oeuvre a ete confiee a Motorola." Pour les lancements, Teledesic
a deja retenu trois Atlas-5 et trois Proton-M  d'ILS,  auxquels  s'ajoutent
cinq options de chaque lanceur soit un total de 16 fusees."

Quant au  concurrent  Skybridge  d'Alcatel  Space  Industries,  il  devrait
bientot annoncer la signature d'accords avec des operateurs.  Le  demarrage
industriel pourrait intervenir des le mois d'octobre. Deja, le CNES  et  la
Snecma ont cree leurs filiales Telespace Participation  et  SnecmaSat  pour
investir  dans  Skybridge.  Les  propositions  pour  le  lancement  des  80
satellites ont ete recues recemment par Alcatel qui est  en  train  de  les
etudier. Quant aux stations de connexion, dont le cout  total  de  1,9  Md$
s'ajoute aux 4,2 Md$ du segment  spatial,  elles  ont  fait  l'objet  d'une
modification en fonction des evolutions recentes.

Aujourd'hui, les telecommunications par satellites ne representent que 3  a
5 % du volume total des telecommunications dans  le  monde.  "Or,  explique
Armand Carlier, pdg de Matra Marconi Space, le satellite est  meilleur  que
les moyens terrestres pour les liaisons transatlantiques, la  telediffusion
(DTH) et  les  transmissions  a  haut  debit  dans  la  bande  Ka  pour  le
multimedia."

C'est  dans  ces  domaines  que  devraient  se  produire  les  plus  fortes
croissances  dans  l'avenir  avec  un   certain   retour   aux   satellites
geostationnaires, notamment dans la bande Ka. Ainsi, les  projets  Spaceway
de Hughes et Astrolink de Lockheed Martin, qui ont respectivement reuni 1,5
Md$ et 900 M$, devraient etre deployes a partir de  2002.  Mais  des  2001,
Ka-Star lancera son premier satellite fabrique par  Loral  pour  le  marche
residentiel. L'operateur prevoit de lancer deux satellites pour  dis  poser
d'une capacite de 15  a  20  Gbps  En  2003,  il  est  prevu  700  millions
d'utilisateurs de l'Internet. Une petite fraction du marche mondial devrait
suffire a rentabiliser ces systemes. C'est pourquoi une  recente  etude  de
Merrill Lynch prevoit une  croissance  de  l'industrie  des  satellites  de
telecommunications qu passerait de 66 M$/an en 1998 a 171  M$/an  en  2008,
avec sur cette periode de dix ans, le secteur de la large  bande  declinant
de 70 M$ a 30 Md$.

Compte tenu de la fiabilite, une perte de 10 % des satellites est  acceptee
par les operateurs.  Aussi,  une  societe  americaine  propose  un  concept
original base sur une flotte de satellites de reserves qui pourraient  etre
loues a ces operateurs en fonction des besoins. Cette  societe,  Assuresat,
prevoit de lancer ses deux premiers satellites fabriques par Loral a la fin
de 2001. Ils seront dotes de 36 repeteurs en bande C et 72 en bande Ku,  et
emporteront  d'importantes  quantites  d'ergols  pour  se  deplacer   d'une
position  a  l'autre.  Le  montage  financier  est  assure  par  la  banque
Donaldson, Lufkin & Jenrette (DLJ).

Christian LARDIER