VOYAGE EN SICILE 26 AVRIL - 3 MAI 2002
Au printemps 2002, l'Amicale a organisé un voyage en Sicile avec le concours de l'Agence "La Cordée" à Saint Germain en Laye. Y ont participé :
- Micheline et Yves FLOC'H
- Jacqueline et Guy GARCIA
- Colette et René GASPARINI
- Nadia et Raymond LANCESSEUR
- Anne-Marie et Jean-Claude MARGUERITAT
- Lucienne RICORDEL
-Marie-Claude et Guy SEGUIN
Colette Gasparini a bien voulu en faire le récit que l'on trouvera ci-après.
Vendredi 26 avril : départ
Le groupe se retrouve à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle à 12 h M. MOSNIER empêché par de sérieux problèmes de santé et son épouse ne sont hélas, pas présents, ce que tous déplorent.
Formalités d’usage accomplies, embarquement (Airbus 321, Alitalia), transit par Rome. Un peu d’attente laisse aux dames le temps d’explorer les boutiques de l’aéroport, puis embarquement pour Palerme légèrement différé.
1 heure de vol et à nous Palerme. Valises récupérées sans problème.
Le car qui nous attend à la sortie nous fait prendre l’autoroute pour Palerme ; il fait presque nuit et nous ne pouvons qu’apercevoir véritablement la ville que nous aurons tout loisir de visiter le lendemain.
Arrivée au " Grand Hôtel des Palmes " en plein cœur du quartier chic de Palerme. Décoration, tableaux, mobilier, statues, etc… nous propulsent d’un coup dans le monde du fameux " Guépard " de Lucchino Visconti.
Rencontre avec Marco, notre guide-traducteur qui ne nous quittera pratiquement pas durant tout notre séjour.
Bagages dans les chambres, prise de possession des lieux ; après s’être refait une allure convenable en effaçant un peu les fatigues de ce long voyage, nous allons dîner dans une somptueuse salle à manger qui égalait par son lustre le reste de l’établissement.
Repus et fatigués nous regagnons nos chambres pour un repos bien mérité.
Samedi 27 avril
Réveil téléphonique à 7 h, dur, dur, le lit est si bon … Encore un peu endormis, nous nous retrouvons devant le buffet pantagruélique du petit déjeuner, presque " frais et dispo " pour attaquer la visite de Palerme.
Prise de contact avec Julianna, notre sympathique guide, spécialiste es-Palerme.
La visite de la Chapelle Palatine prévue pour commencer le périple est reportée, éventuellement plus tard dans la matinée, la file d’attente des visiteurs étant impressionnante, cela compte tenu des horaires limités (2 h 30 chaque jour et 10 minutes par groupe pour éviter la dégradation des lieux par une foule trop nombreuse).
Décision est prise de faire la visite de la cathédrale de Montreale et de son cloître en premier et de faire ensuite une nouvelle tentative à la Chapelle Palatine.
Montreale se trouve un peu en dehors de Palerme ce qui nous laisse tout loisir d’admirer les typiques rues des faubourgs de la ville.
Cet endroit fut choisi par Guillaume II en 1172 pour y construire une cathédrale qui devait rivaliser avec toutes celles existantes en Sicile. Une légende veut que son père lors d’une partie de chasse se reposant à l’ombre d’un caroubier vive apparaître la Vierge qui lui signala ce lieu comme celui où un trésor était caché. Il fit creuser la terre par ses soldats et trouva effectivement ce trésor enfoui par son aïeul. En remerciement il décida donc la construction de ce chef-d’œuvre dédié comme il se doit à cette Vierge généreuse.
De style normand, l’extérieur est superbement orné de pierres de lave brunes qui forment des figures géométriques toutes différentes les unes des autres.
L’intérieur laisse pantois par son riche manteau de mosaïques où l’or domine. Tout autour de la nef sont représentées des scènes de l’ancien et du nouveau testament ; les personnages de la bible figurent tous dans des attitudes d’une vérité étonnante qui illustrent toute la chrétienté depuis Eve et Adam, la création du monde, Jésus, sa vie, ses œuvres, ses miracles, etc.
Les fresques d’inspiration byzantine sont extraordinairement bien conservées, certains visages semblent presque contemporains. Une statue de la Vierge à l’enfant en marbre est d’une telle finesse qu’elle semble vivante.
Le cloître contigu est en harmonie avec la cathédrale. D’impressionnantes colonnades, les unes sculptées, les autres recouvertes de mosaïques de pierres colorées et d’or scintillent sous le chaud soleil qui semble vouloir rendre notre séjour en ces lieux encore plus agréable.
Des palmiers, des bananiers, des figuiers et amandiers sont plantés symétriquement et donnent un aspect ordonné au cloître.
A l’arrière de la cathédrale un square en terrasse offre un panorama de toute beauté sur la Conca d’Oro que nous avons tout loisir d’admirer des allées d’un magnifique jardin planté d’arbres et de plantes exotiques.
Nous abandonnons avec regret ce site fait de beauté, de calme et d’harmonie pour rejoindre notre car et tenter une visite de la Chapelle Palatine si cette fois les conditions le permettent.
En retraversant Palerme on admire la magnifique place de la Villa Bonano plantée d’imposants palmiers, place située en plein centre ville qui constitue, paraît-il, la plus grande palmeraie d’Europe (dixit notre guide).
Cette fois la chance est avec nous et avec la complicité et la débrouillardise de notre souriante Julianna, après seulement une courte attente, nous passons devant une centaine d’autres touristes moins privilégiés que nous pour entrer tout juste 10 minutes avant la fermeture dans la fameuse chapelle.
A l’entrée un escalier monumental conduit à trois étages de galeries. Sur un des murs, une pierre comporte des inscriptions en latin, grec et arabe qui vante une horloge construite sous Roger II, preuve qu’à l’époque, aux dires de notre guide, les diverses communautés vivaient et travaillaient en toute harmonie
La Chapelle Palatine bien qu’étant beaucoup moins décorée et chargée d’or et de mosaïques n'en est pas moins aussi somptueusement belle que la cathédrale de Montreale.
Les mêmes représentations de la bible, les mêmes scènes, toujours dans le style byzantin couvrent les murs, véritable BD de l’époque pour inculquer les bonnes idées et les bons principes aux bons peuples qui fréquentaient ces lieux et qui trouvaient là l’information, la formation et les bons exemples qu’ils devaient suivre pour devenir de bons citoyens.
Se détachant du mur du fond le magnifique trône royal en porphyre et mosaïque représente les archanges Michel et Gabriel et les apôtres Pierre et Paul.
Les fresques peintes sont, elles aussi comme à Montreale, très inspirées de Byzance et pour certaines évoquent les icônes orthodoxes
Sous les voûtes de l’immense escalier est exposé le carrosse du Prince Butera. Ce grand personnage du 18ème siècle qui fut en son temps une des gloires importantes de la ville de Palerme inspira Lampedusa et Visconti. Dans un état remarquable, ce carrosse figura dans le film précité " Le guépard ".
Nous n’étions pas seuls à admirer toutes ces merveilles ; bien qu’étant au début de la saison touristique des centaines de gens s’émerveillaient comme nous de ces merveilles sorties des mains d’artistes dans tous les domaines, des siècles nous ayant précédés.
A deux pas de la Chapelle Palatine nous visitons l’église Saint-Jean-des-Ermites, curieuse église cachée dans un fouillis de jardin adorable, presque invisible de la rue.
A l’origine, cette église fut une mosquée que l’on "démosquetisa " pour l’attribuer au culte catholique. Juste retour des choses, car lors de la démosquétisation, on retrouva sous divers enduits de magnifiques fresques chrétiennes primitives qui avaient été recouvertes par les artisans arabes qui investirent les lieux pour les transformer en mosquée lors de leur implantation dans la région.
De la période mosquée, il reste curieusement cinq coupoles rougeâtres qui donnent une allure un peu ethnique à l’ensemble qui fut surmontée aussi d’un joli clocheton d’inspiration romano-gothique, le "melting pot " était déjà de mise.
Le minuscule jardin de curé, véritable oasis de calme qui la jouxte possède des arbres magnifiques, typiques des pays du soleil notamment de superbes caroubiers dont les graines à l’origine servaient à la mesure des métaux précieux, car elles ont toutes depuis toujours le même poids (d’où le mot carat encore utilisé de nos jours).
Nous nous retrouvons tous ensuite devant la magnifique cathédrale baroque près de la villa Bonanno et du Palazzo dei Normanni. Cet édifice est un mélange harmonieux de styles arabe et normand qui cohabitent avec des motifs géométriques, des rosaces et des ogives et toutes les adjonctions et modifications faites au fil des siècles par de nombreux architectes et compagnons qui affichèrent chacun les styles de leur époque. L’ensemble est à dominance ibéro-mauresque.
A l’intérieur se trouvent les sarcophages que le roi Roger II avait fait exécuter pour lui et son épouse après leur mort et qui, selon ses vœux, devaient se trouver dans la cathédrale de Cefalu où il désirait reposer pour l’éternité. Ses enfants firent fi de ses dernières volontés et le pauvre roi Roger et sa fidèle épouse reposent depuis des siècles dans ces magnifiques sarcophages de marbres colorés et de porphyre, non pas dans la cathédrale de Cefalu comme ils l’avaient souhaité, mais dans celle de Palerme, tout de même en compagnie de Frédéric II et son épouse Constance (née d’Hauteville et fille de Roger II), sœur de Pierre roi d’Aragon, également en le brillant voisinage de Henri VI de Hohenstaufen.
Notre temps de visite étant échu, nous prenons congé de notre charmante Julianna en la remerciant pour sa bonne humeur et sa remarquable connaissance des endroits visités et allons déjeuner dans une sympathique trattoria il Bucco (le Trou) en plein cœur de Palerme où nous attend notre guide, le souriant Marco.
La salle était petite et bondée, mais le repas typique servi là nous sembla délicieux, surtout la spécialité locale en dessert, une délicieuse pâte feuilletée frite recouvrant une crème faite de sucre et de ricotta fouettée.
L’après-midi, quelques suggestions sont faites pour visiter Palerme, notamment le couvent des Capucins et de ses catacombes fameuses (vues dans le film " cadavres exquis ", mais là encore en arrivant sur les lieux il y avait plus d’une heure d’attente avant de pouvoir pénétrer chez les Capucins vivants et surtout chez les morts qui sont à l’intérieur.
Compte tenu des circonstances, nouveaux conciliabules, chacun suggérant un but remplaçant la visite de ces fameuses catacombes.
Donc nous faisons l’impasse sur ce site macabre et de ce fait nous profitons pleinement d’un bel après-midi de soleil pour faire la visite d'autres sites remarquables.
Après être passé Piazza Verdi près du Theatro Massimo (l’un des trois théâtres de la ville) superbe construction commencée en 1875 par Giovan Batista Basile et achevée par son fils Ernesto (après une fermeture prolongée, il a retrouvé sa fonction première de salle de spectacle en 1997) le car nous laisse Piazza Bolagni, prés de l'avenue Victor Emanuele que nous décidons de descendre pour aller vers le port.
A l’intersection de cette large avenue (les Champs-Elysées palermitains) et de la via Maqueda se trouve les Quattro Canti, piazza Vigliena. Cette superbe place carrée comporte quatre fontaines du 17ème siècle où sont représentées les quatre saintes protégeant Palerme (Christine, Nymphe, Olive et Agathe) qui furent selon la légende supplantées plus tard par Sainte Rosalie qui elle, délivra Palerme d’une épidémie de peste qui fit une hécatombe parmi les habitants. Depuis, chaque année, le jour de sa fête en juillet ses ossements retrouvés en 1624 sur le mont Pelligrino sont promenés en procession dans les rues de la ville. Les festivités religieuses et laïques durent cinq jours et amènent de nombreux pèlerins et touristes à Palerme.
Nous continuons la visite par la Piazza Pretoria où la spectaculaire fontaine est actuellement en phase de restauration, entourée d’une palissade qui, judicieusement transparente, nous permet tout de même de faire quelques photos.
Un peu plus loin sur cette place se trouve la Martorana, église du 12 ème siècle où nous entrons. Un mariage y est célébré mais ne nous empêche pas d'admirer les magnifiques mosaïques.
Nous continuons vers bord de mer, promenade limitée par les barrières de la douane, de la police et de l’armée qui interdisent l’accès aux endroits particulièrement intéressants où nous aurions aimé nous rendre.
Retour en ville pour la visite du fabuleux parc Garibaldi où des ficus magnolia ressemblant à d’énormes baobabs deviennent avec le temps de plus en plus imposants car les racines descendant de leurs multiples branches creusent le sol pour arrondir encore un peu plus leurs silhouettes majestueuses.
Retour à l’hôtel pour une remise en forme qui s’impose et dîner à 20 h.
Rangement des valises, car pour la 3ème nuit un autre hôtel est prévu à Aciréale.
Dimanche 28 avril
Réveil à 6 h30, petit déjeuner à 7 h et départ en car avec les bagages peu avant 8 h.
Direction Cefalu, ville longtemps dominée par les Grecs, les Romains, les Byzantins et les Normands qui bien évidemment laissèrent tous des traces de leurs civilisations, ce qui donne beaucoup de charme à l’ensemble.
Les petites rues étroites et pentues aux pavés irréguliers sont bordées comme partout ailleurs de marchands de souvenirs et la plupart du temps, où il y a du tourisme le mauvais goût s’affiche.
Au détour de l’une d’elle, le lavoir médiéval est remarquable dans sa conservation, une eau claire et fraîche y circule rapidement et les femmes du village venaient encore il y a peu de temps y laver leur linge. Récemment encore elles appelaient cet endroit " u fiumi " (le fleuve).
En haut du promontoire tout au bout de la rue principale, se dresse la cathédrale que fit construire Roger II qui adorait tant Cefalu qu’il voulait y reposer pour l’éternité (voir plus haut). Il s’en " Cefalu d’un rien ".
La messe dominicale y étant donnée il n’est pas possible de visiter entièrement la cathédrale, mais il est possible malgré tout d’en voir le plus intéressant ; l’extérieur était à lui seul justifiable d’un arrêt photo.
L’édifice est flanqué de deux tours pas tout à fait identiques dans leur décoration et le nombre de leurs arcades, mais le plus remarquable est la différence de hauteur entre ces deux tours, celle de droite était attribuée au roi et de ce fait elle est de quelques mètres plus haute que celle de gauche qui, elle, représentait le pouvoir de l’évêque.
Après avoir sacrifié au rite sacré de l’achat de cartes, nous descendons au port de pêche minuscule, qui par sa taille ressemble tout à fait à un décor de théâtre de Pagnol.
La matinée s’achève par un repas dans un restaurant " Les sables d’or " à la sortie de Cefalu.
Après le déjeuner (pâtes, espadon) nouvelle promenade sur la route longeant la mer, véritable régal pour les yeux que ces voyages confortables en car climatisé, conduit prudemment par notre chauffeur Enzo.
Sur la route de Messine en approchant Milazzo nous pouvons admirer les fumerolles du Stromboli au loin, perdu au milieu des îles éoliennes.
Petite sieste réparatrice pour certains et visions de rêve pour les plus éveillés, la montagne à droite et la mer à gauche, oliviers, vignes et orangers à perte de vue ; nous nous tricotons de beaux souvenirs pour notre retour.
Arrivée à Messine vers 15 h visite de la ville et de son fameux détroit large de cinq kilomètres qui sépare l'île du continent italien ; de nombreux bateaux et ferries font la navette entre la Sicile et la Calabre qui semble si proche.
Messine fut détruite à 90% lors des éruptions de 1783 et 1908 et souffrit aussi beaucoup des bombardements américains qui préparèrent le débarquement des alliés avec leurs façades noires et décrépies.
La vieille ville aurait besoin d’un sérieux travail de ravalement, beaucoup de maisons rescapées de tous les désastres du passé pourraient être superbes alors qu’elles passent complètement inaperçues et ne se remarquent à peine par les promeneurs avec leurs façades noires et décrépies.
La cathédrale de style normand, bien évidemment restaurée n’a gardé de l’époque de sa construction que son portail central remonté avec les pierres d’origine.
L’horloge astronomique réalisée à Strasbourg en 1933 est logée dans un beffroi de 60 mètres de haut à la gauche de l’église. Chacun de ses niveaux animé d’un mouvement différent est individualisé par un sujet. Un char à deux chevaux conduit par une divinité indique les jours de la semaine ; sur un autre niveau la mort agite sa faux face à quatre personnages, un enfant, un jeune homme, un soldat et un vieillard. Un autre groupe représente la Nativité, l’Epiphanie, la Résurrection et la Pentecôte. Que de symboles !
Les deux jeunes filles qui frappent les cloches sont deux héroïnes locales Dina et Clarenza qui résistèrent devant les Angevins quand en 1287 ils envahirent la ville (les vêpres siciliennes).
Sur le côté sud du beffroi figurent les signes du zodiaque et les phases lunaires. A midi tout ce petit monde s’agite fiévreusement, le lion rugit, le coq chante et sur un fond musical les deux jeunes filles se mettent à frapper les cloches.
Nouvelle escalade du car, les jambes un peu lourdes d’avoir tant marché et destination l’hôtel Capomulini à Aciréale.
Les valises récupérées et montées dans les chambres, nous avons l’agréable surprise en ouvrant les fenêtres d’avoir une superbe vue sur l’Etna à notre gauche et sur une jolie anse où viennent mourir de faibles vagues, comme nous, un peu fatiguées.
Remise en forme rapide, rangement des valises, nous avons trois nuits à passer là, cela vaut la peine de ranger les vêtements dans les placards.
Dîner (pâtes, poisson) menu typiquement local et coucher relativement tôt car demain matin lundi la journée va être longue.
Lundi 29 avril
Réveil à 6 h 30, petit déjeuner à 7 h les yeux gonflés de sommeil nous montons dans le car à 7 h 45 direction l’Etna. Les plus belles choses se méritent !
L’Etna est le volcan le plus important d’Europe, les anciens le considéraient comme la forge de Vulcain et le refuge des Cyclopes (reprendre ses classiques) !
Les routes en lacets nous emmènent jusqu’au camp de base (belle expression à la Nicolas Hulot) pour touristes situé tout de même à 1800 mètres.
Les plus courageux d’entre nous entreprennent le voyage en 4x4 et ensuite à pieds sur les récentes coulées de lave encore tièdes jusqu’à 2900 mètres accompagnés par des guides spécialisés. Les moins téméraires font quelques pas aux alentours et s’offrent un arrêt café sur une jolie terrasse du refuge Sapienzza, 1910 mètres tout de même, d’où la vue est imprenable, nous l’avons prise tout de même …
Achat de cartes et souvenirs divers, arrêt "point de vue " sur Nocolosi, ville où s’arrêta la lave lors de la dernière éruption de l’Etna qui ravagea toutes les installations du camp de base à 1800 mètres et toutes les constructions autour du téléphérique qui habituellement permettait l’accès actuellement accessible par 4x4 la lave envahissant tout sur son passage jusqu’à la vallée de Catane.
Au retour de nos valeureux compagnons nous nous installons pour le repas dans un agréable restaurant panoramique sur les bords de l’Etna " Le Corsaro". Au cours du déjeuner, un trio de musiciens en costume local nous donne un concert de tarentelles et autres "siciliannades". C’est un agréable intermède imprévu, donc d’autant plus apprécié.
Descente de l’Etna, donc autre vision des environs qui de calcinés au départ deviennent de plus en plus herbus et boisés au fil de la descente.
Direction Taormina, magnifique site en balcon sur la mer, face à la mer. Taormina est réputée dans le monde entier pour la douceur de son climat et la beauté de son site. De nombreuses personnalités de l’histoire, des arts et de la politique l’ont aimé et la visitent encore. Beaucoup d’Anglais et d’Allemands y font actuellement construire de jolies villas.
Le car nous laisse au parking où une navette municipale se charge de faire monter les touristes dans les hauteurs de la ville car la circulation automobile semble interdite, sauf exception, pour le bonheur des nombreux piétons et probablement le désespoir des résidents.
Des rues serpentent en grimpant, bordées de chaque côté par des boutiques de luxe pour la plupart, des escaliers partent latéralement, montants ou descendants, c’est selon et de minuscules " piazzete " offrent par çi, par-là deux ou trois tables sous des parasols colorés aux visiteurs assoiffés ou amateurs de fameuses " gelatte et granite ".
Visite du théâtre grec, les vestiges sont encore assez parlant pour laisser imaginer les jeux et les spectacles s’y déroulant dans l’antiquité.
Là encore ce théâtre a été construit dans un lieu enchanteur avec une vue paradisiaque sur la mer côté gradins et sur la montagne côté scène.
Les pierres ayant servi à sa construction comme pour les autres vestiges de théâtres grecs étaient taillées directement dans la montagne environnante par les esclaves encadrés par des ouvriers libres qui touchaient un salaire qui les faisait passer pour des nantis.
Notre groupe se scinde en deux ; certains prennent la navette pour redescendre sur le parking où nous attend notre autocar, les autres attaquent les escaliers et parmi ceux-là quelques-uns uns regrettent de n’avoir pas choisi la formule navette. Je n’ai pas compté les marches, mais il y en avait un certain nombre !
Retour à l’hôtel Capomulini pour dîner et passer la nuit après avoir jeté un dernier cil sur la vue du balcon de la chambre.
Mardi 30 avril
Réveil à 6 h30, petit déjeuner 7 h. départ à 7 h 30.
Direction Syracuse, la plus célèbre des villes de Sicile. La route se fait en longeant cette fois la mer ionienne, toujours de merveilleux paysages sous nos yeux, pas lassés de tant de beauté.
Nous avons rendez-vous avec une archéologue, Mme Garba à 9 h 30 au musée archéologique régional " Paolo Orsi ", musée situé dans le parc de la Villa Landolina.
Du musée, nous sommes proches du sanctuaire de la Madone des Larmes, église moderne en béton armé qui ressemble vaguement à une énorme larme (80 mètres de diamètre pour 74 mètres de hauteur) érigé sur les lieux où un tableau de la Vierge se mit à pleurer en 1953. Cette œuvre, construite en 1953, a été commise par un architecte italien R. Morandi et ses deux complices français M. Andrault et P. Parat.
L’impression de hauteur vertigineuse est soulignée par les lignes verticales des étroites fenêtres filant vers le haut. Certains apprécieront.
A l’heure dite la visite du musée commence, très intéressante et bien guidée par l’érudition de notre guide. Pour les motifs déjà exposés, peu de pièces sont entières, mais des collections entières de petites pièces de vaisselle ont été découvertes dans des nécropoles.
Quelques céramiques restaurées, dont un très grand vase monté sur un très haut pied d’un rouge très brillant est la pièce la plus importante.
De la colonisation grecque provient le magnifique Kouros décapité, en marbre et une étrange statue en calcaire de la déesse Mère allaitant des jumeaux. Massive et assise elle est, elle aussi, privée de tête.
On peut admirer également la Vénus Anadyomène dite Vénus Landolina du nom de celui qui l’a découverte, copie romaine d’un original de Praxitèle ; ses lignes courbes et le drapé de sa robe font penser à un coquillage.
Après un dernier regard sur l’impressionnant masque de Gorgone peint, détaché de la frise d’un temple, nous quittons le musée pour la visite du théâtre grec de Syracuse. Mme Garba prend le car avec nous pour nous guider dans les ruines et nous faire partager son savoir sur les merveilles que nous allons découvrir.
L’amphithéâtre romain et le théâtre grec sont situés dans le quartier antique de Néapolis. Le théâtre grec, magnifique est encore opérationnel. Des spectacles culturels y sont donnés chaque année et d’ailleurs le jour de notre visite des ouvriers recouvrent une partie des gradins de planches sur lesquelles dans quelques jours se produiront des acteurs modernes qui feront revivre de nos jours les tragédies de leurs talentueux ancêtres.
Toujours situés dans des paysages de rêve nous faisons dans ces ruines des photos que nous espérons réussies.
A l’arrière de ce qui fut la scène et les coulisses se trouvent les Latomies (l’Oreille de Denys en est une autre). Les Latomies sont des anciennes carrières d’où provenaient les blocs de calcaire qui servaient à l’édification des bâtiments publics et des grandes maisons des puissants personnages de l’époque.
L’Oreille de Denys se trouve dans une des plus belles Latomies de Syracuse ; la forme de cette grotte rappelle le pavillon de l’oreille. Les esclaves qui extrayaient la pierre s’étaient tout d’abord servi de la forme naturelle de cette grotte et taillaient les blocs de calcaire dont ils avaient besoin en agrandissant ce que " dame nature " avait commencé.
Le soir venu, après leur journée de labeur, les esclaves étaient parqués comme des animaux dans cette grotte gardée par les soldats. Quelques hommes libres travaillaient le jour avec ces esclaves mais leur journée finie, ils étaient libres de leurs mouvements et de dépenser l’obole gagnée.
La visite terminée nous prenons congé de notre charmante guide et le car nous conduit au restaurant " Open Land " (typiquement italien, non ?).
Une ravissante mariée qui vivait, je l’espère pour elle, un des plus beaux jours de sa vie au milieu d’invités somptueusement vêtus se faisait immortaliser dans sa robe de rêve.
Nous déjeunons dans une autre salle que la noce, mais comme eux, notre repas commence par des pâtes à la sauce tomate.
Le déjeuner terminé, retour dans le centre de Syracuse, promenade dans Ortigia la partie conservée la plus authentique de la ville qui comme les autres cités siciliennes mériterait bien un toilettage soigné.
Rendez-vous était pris pour une agréable et fraîche promenade en barque sur la rivière Cyané Reposante et calme balade au milieu des papyrus, les seuls à pousser ici dans toute l’Europe, les autres papyrus ne prolifèrent qu’en Egypte. Au milieu de la rivière nous passons une écluse accompagnés d’une autre barque de touristes autrichiens, silencieux et tristes comme des jours sans pain alors que la nôtre est plutôt agitée.
En fin d’après-midi, nous regagnons notre hôtel pour la dernière nuit, ce qui en clair veut dire rangement des placards, remplissage des valises et préparatifs pour le départ à l’aube le lendemain matin.
Dîner, bagages, dodo.
Mercredi 1er mai
Réveil à 6 h30, petit déjeuner à 7 h, départ avec les valises dans le car ; ce soir nous devons découvrir un nouvel hôtel à Agrigente.
Dans un premier temps nous prenons la route pour une fois sans la mer à l’horizon, car nous traversons le presque centre de la Sicile d’est en ouest pour nous rendre à Piazza Armerina où nous devons visiter une villa romaine recouverte de mosaïques remarquables.
La route nous semble plus longue car les paysages sont plus monotones ; plus d’horizons marins en vue, simplement des cultures de blé et si ce n’étaient les divers cactus et les bougainvillers écarlates, nous pourrions nous croire en France, au moins dans le Sud.
La ville de Piazza Armerina connut son apogée au Moyen Age, à l’époque normande (Roger II) et aragonaise ensuite.
Nous visitons la villa romaine de Casala des III et IV èmes siècles, villa découverte récemment (en 1950) par un archéologue qui pensait qu’une villa appartenant à un gouverneur devait se trouver dans la région. Celle-ci était bel et bien où il le pressentait mais recouverte de terre et de cendres ; depuis des siècles elle avait ainsi été épargnée des pillages de toute sorte
Cette villa était immense, elle comprenait de nombreuses pièces privées telles les chambres et les salons mais aussi de grandes pièces de réception pour accueillir les visiteurs de marque occupant les lieux.
Un confort presque moderne devait rendre la vie confortable à ces " peoples " de l’époque. La nourriture, l’hygiène et la convivialité sous toutes ses formes sans oublier la chasse présidait à la vie de ce probable gouverneur de province, compte-tenu du luxe et de la grandeur de la villa et de son entourage immédiat.
Encore une fois la modernité de certains visages nous étonne ainsi que les bikinis portés par de jeunes femmes, peut-être les " top modèles " de l’antiquité que l’on pourrait encore porter de nos jours sans crainte d’être ridicule ou presque.
Après cette époustouflante visite, déjeuner près de Piazza Armerina au restaurant " Paradiso de Santa Abdrea ". En ce jour férié du 1er mai, les Italiens ont pour habitude de faire des picnics et de partager les saucisses de porc grillées en pleine nature aussi étions-nous pratiquement seuls dans la grande salle de restaurant où nous gouttâmes au plat national dans un calme auquel nous n’étions pas habitués, ce qui ne nous priva pas pour autant de notre plat de pâtes habituel en hors-d’œuvre.
Après ce déjeuner, départ toujours en autocar pour Agrigente où nous avions rendez-vous avec un guide local, Giaccomo, professeur de latin et grec dans le civil.
Pour compétent, il le fut et débita sa leçon, semble-t-il, apprise par cœur, le tout avec un accent italien à couper au couteau. Heureusement pour nous, depuis déjà quelques jours en Sicile, notre oreille s’habitua rapidement et ses explications très fouillées nous semblèrent relativement claires.
Nous avons en sa savante compagnie arpenté tous les temples de la vallée, à savoir celui de Junon, de la Concorde, de Jupiter et des Dioscures.
Peu d’entre eux ont résisté aux outrages du temps, qui alliés aux colères de l’Etna et aux diverses invasions entraînant d’inévitables guerres, n’ont laissé que peu de pierres à leur place initiale.
Seul le temple de la Concorde est en place, mais ceci grâce à l’aide d’habiles archéologues restaurateurs que l’on peut voir actuellement travailler sur le site, pour les autres quelques colonnes et de gros blocs de pierres calcaires au sol portent encore les traces des cordages faits de végétaux tressés qui servirent à les soulever pour l’érection de ces temples.
Les Carthaginois qui envahirent cette partie de la Sicile contribuèrent aussi au démantèlement des temples en leur donnant une nouvelle affectation et les dédiant à leur dieu Baal.
Après ce voyage dans le passé de tous ces peuples qui se sont succédés sur cette belle terre, des Sicules aux Siciliens d’aujourd’hui en passant par les Grecs, les Carthaginois, les Romains, les Byzantins, les Normands, les Angevins, les Aragonais, les Arabes et tous les autres, la fatigue commence à se faire sentir dans nos jambes.
Arrivée au Grand Hôtel dei Templi à Agrigente. Monter des valises et les sacs, mais surtout les défaire le moins possible, car demain matin il faudra redescendre.
Là, en centre ville, difficile de voir la mer de la fenêtre, même en se penchant bien ! …
Après le dîner il nous est proposé une visite des sites vus dans l’après-midi, mais cette fois illuminés et confortablement installés dans le car. Tous furent partant pour les temples " by night ". Cette soirée restera gravée dans nos souvenirs car, vision inoubliable, les temples sous les éclairages étudiés semblaient plus beaux et plus grands que le jour. Pour parfaire cet instant, la sono du car diffusait de l’Albinoni et du Beethoven, un pur instant de magie.
Nous apprécions beaucoup cette initiative conjointe de notre guide et de notre chauffeur que nous remercions chaleureusement.
Après un tel spectacle et les yeux pleins d’étoiles, la nuit ne se devait qu’être douce, d’autant qu’elle serait encore un peu plus courte que d’habitude.
Jeudi 2 mai
Réveil à 6 h 30. Petit déjeuner 7 h.. Fermeture des valises, dépôt dans le car. Nouvel hôtel prévu pour le soir. Départ pour Selinunte en longeant cette fois, pour notre plus grand plaisir, la mer Méditerranée.
Le site antique de Selinunte est celui qui demande le plus d’imagination car un seul des sites conserve intactes 14 de ses colonnes et une partie du chapiteau. Les autres ne sont plus que ruines écroulées. Les bases des temples se devinent et leurs dimensions paraissent imposantes. Certains comportent des colonnes brutes sans aucune ciselure ce qui tend à prouver qu’ils sont inachevés et n’ont probablement jamais été consacrés à une quelconque divinité.
Départ pour Segeste. Là dans un site superbe se dresse le temple de Segeste, l’un des monuments les plus parfaits qui nous soit parvenu de l’antiquité. Le péristyle conserve intactes ses 36 colonnes non cannelées encore un mystère quant à la destination de ce temple. Il ne possède pas de cella, qui normalement est la première pièce du temple à être construite, cella, habituellement consacrée au dieu ou à la déesse pour qui est construit le temple.
Laissant les mystérieux temples derrière nous, de nouveau dans le car, direction Erice.
Accueillis par un vent terrible qui nous flagelle à la descente du car, le sirocco d’une puissance inouïe souffle dans les antennes placées au point culminant de l’antique cité phénicienne et grecque qui, perchée sur un éperon rocheux à 750 mètres au-dessus de la mer devait sembler imprenable aux envahisseurs éventuels.
Les ruelles étroites sont pavées artistiquement de galets tellement polis par le temps qu’ils semblent cirés. Ces pierres luisantes sont disposées comme un carrelage moderne, des grandes pierres rectangulaires forment des carrés, eux-mêmes remplis de petits galets ronds harmonieusement disposés et répétant inlassablement le même motif dans chaque ruelle et venelle de la ville.
Derrière les maisons serrées les unes contre les autres se cachent de charmantes cours intérieures où la vie familiale se déroule calmement à l’abri des nombreux passants et visiteurs.
Le mont Eryx où la ville fût construite servait de point de repère pour les navigateurs dans l’antiquité, de grands feux y étaient allumés la nuit venue à l’intérieur du temple romain, actuellement détruit qui était dédié lui à Vénus. Ce temple n’existe plus mais les pierres qui servirent à construire l’église Chiesa Matrice en viennent.
Actuellement plus de soixante églises et monastères se cachent au fond des ruelles d’Erice ; qui pourrait le deviner ?
Un point de vue magnifique sous un ciel dégagé par le vent violent se dégage des hauteurs sur le mont Cofano, la ville et la vallée de Trapani ainsi que sur les Egades. Nous ne nous privons pas de l’admirer.
Encore quelques photos souvenir sur la place de l’église et le car nous conduit au restaurant Baglio Santa Croce à Valderice en contrebas de la ville et un peu à l’abri du vent.
Retour à Palerme dans l’après-midi en longeant cette fois la mer Tyrrhénienne par le golfe de Castellemare.
Arrivée à l’hôtel Kafara de Santa Flavia dans banlieue maritime de Palerme. Remise en forme. Bouclage des valises que nous venons de monter dans nos chambres.
Bonus final : vue magnifique sur la rade, coucher de soleil à tomber par terre.
Le Président nous invite pour le dernier soir à prendre l’apéritif au bar de l’hôtel. Nous prenons les toutes dernières photos et derniers films pour nous souvenir de ce merveilleux voyage pendant les longues soirées d’hiver à venir.
Echange de commentaires et d’impressions de voyage. Tous les participants semblent ravis du séjour, de l’ambiance et de l’amitié qui nous unissait tous, sans aucune réserve.
Dîner et retour dans nos chambres avec un dernier regard sur la mer avant de fermer les rideaux.
Rangement du linge sale dans les valises, moment le plus pénible du voyage, mais corvée indispensable
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Vendredi 3 mai
Grasse matinée jusqu’à 7 h. Petit déjeuner à 7 h 45 et départ avec armes et bagages pour l’aéroport de Palerme.
Embarquement pour Rome ; le retour devait se faire en transitant par Milan, mais les conditions climatiques ne le permettant pas, c’est pour Rome que nous embarquons.
Un peu d’attente à Rome vu les circonstances, juste le temps d’acheter un dernier petit gadget pour la famille ou les amis et embarquement pour Roissy
Fin du voyage.
Embrassades et poignées de mains en récupérant nos valises et sacs de voyage et retour à la maison pour chacun de nous, nous promettant de renouveler une si merveilleuse aventure.
Colette GASPARINI
P.-S. – Beaucoup de superlatifs dans ce compte-rendu, mais pour moi c’est encore en dessous de la vérité.